Bischoff tord le cou aux mythes qui ont fait tant de mal à EADS et plaide pour une solution privée

Le coprésident d'EADS défend l'idée d'une gouvernance privée du groupe aéronautique et de défense. Et tient à recaler les esprits sur la réalité de la crise que traverse le groupe.

Alors que le groupe EADS traverse de fortes turbulences, il ne faut pas jeter pour autant le bébé avec l'eau du bain ! Tel est le plaidoyer de Manfred Bischoff, coprésident du conseil d'administration d'EADS, qui dans une tribune publiée ce lundi après-midi par le quotidien Le Monde, entend tordre le cou à différentes rumeurs ou informations malveillantes à ses yeux sur la santé du groupe.

Premier "mythe" selon lui, le groupe connaît une "crise totale". S'il reconnaît que "des reproches peuvent certainement être adressés à l'ancienne direction d'Airbus", Manfred Bischoff entend rappeler que "tous les domaines d'activité d'EADS, hormis Airbus, ont réalisé leur meilleur résultat opérationnel en 2006, de sorte que le groupe a tout au moins pu dégager un léger solde positif malgré les pertes d'Airbus". Et d'insister aussi sur le fait qu'Airbus n'a jamais livré autant d'appareils qu'en 2006 et que le carnet de commandes n'a jamais été aussi bien rempli depuis la naissance de l'entreprise.

Deuxième légende, Airbus aurait dû rester un groupement d'intérêt économique (GIE). Le problème de fond dans cette formule, souligne Bischoff, consistait en ce que personne ne savait vraiment ce que coûtait la fabrication d'un avion, puisque chaque membre du GIE (les quatre nations partenaires) était aussi un fournisseur et donc avait intérêt à faire payer cher sa contribution. Dans le climat de concurrence acharnée avec Boeing, cette situation n'était plus tenable.

Troisième mythe, EADS a été créé par les gouvernements, ce qui lui donnerait une espèce de vocation à redevenir un groupe public. Si Manfred Bischoff reconnaît bien volontiers que les Etats (France, Allemagne, Grande-Bretagne et Espagne) ont joué un rôle non négligeable, c'est avant tout "à l'initiative de DaimlerChrysler (Daimler-Benz à l'époque, NDLR) et du groupe Lagardère que fut créé EADS".

Ensuite, dans la logique de l'argument précédent, "Airbus aurait été mieux loti dans les mains de l'Etat" ! "Les dernières semaines ont démontré de manière flagrante pourquoi une direction étatisée mettrait EADS/Airbus hors de course ou rendrait le groupe dépendant de subventions étatiques ad vitam aeternam", juge le responsable de la société, qui regrette avoir entendu "de chaque côté du Rhin, les politiciens dire qu'il fallait mettre fin au programme Power8" (le plan d'économie et de restructuration d'Airbus), solution tenue par lui comme incontournable. Cela reviendrait en fait "à exiger d'EADS de ne surtout pas s'adapter à l'évolution des conditions de marché, estime-t-il.

Enfin, "la direction bicéphale serait la cause de tous les problèmes d'EADS". Faux, répond-il, cette direction n'a jamais empêché de prendre une décisioin importante. "Le problème d'EADS est que le groupe a deux actionnaires stratégiques malheureusement séparés par des frontières nationales et qui peuvent, dans la forme actuelle, se bloquer mutuellement au niveau de la gouvernance".

Aussi plaide-t-il pour "mettre fin à cette mentalité de camp, là où elle apparaît. Cela pourrait se faire par le biais d'une nouvelle règle permettant de révoquer un membre de la direction d'EADS dès lors qu'il ne jouirait plus de la confiance de la majorité du directoire. Cette obligation de tenir compte des intérêts des deux camps ou, mieux, de donner la priorité aux intérêts du groupe représenterait un progrès considérable par rapport à la gouvernance actuelle d'EADS".

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