La construction et les services français à l'abri de la concurrence internationale

Le secteur automobile, les biens de consommation et d'équipement sont confrontés à une concurrence internationale accrue. Seuls la construction et les services profitent pleinement de la demande domestique française, selon Euler Hermes Sfac.

"Avec une croissance française inférieure de presque 1% à celle de la zone euro, la compétitivité de la France est remise en cause". C'est ainsi que la société de risque-crédit Euler Hermes Sfac pose le problème pour comprendre où se trouvent les faiblesses du tissu productif français. La différence de performance entre les secteurs est flagrante selon qu'ils sont ou non soumis à la concurrence internationale.

Ainsi le secteur de la construction, dont la croissance est restée très vigoureuse (9% en 2006) devrait continuer de croître au rythme plus modéré de 3% en 2007. "Mais la hausse des taux d'intérêt de ces derniers mois associée à celle des prix immobiliers limitent désormais fortement la capacité de financement des ménages. Le ralentissement du secteur devrait se poursuivre en 2008", indique Euler-Sfac dans son communiqué.

Autre secteur à tirer son épingle du jeu, celui des services, non négligeable puisqu'il représente plus de 75% du PIB et 70% des emplois. "Les services sont restés bien orientés, notamment les marges brutes dans le commerce grâce au dynamisme de la consommation des ménages (+2,7 % en 2006) malgré les effets négatifs de la réforme de la loi Galland qui érode d'environ 0,3 % la marge d'exploitation de la grande distribution alimentaire", note Euler-Sfac. La vigueur de la construction dope également les services immobiliers et financiers. La consommation devrait rester assez vigoureuse en 2007 et continuer de soutenir globalement les services et les transports (de passagers et, dans une moindre mesure, de marchandises).

En revanche, les secteurs industriels en général pâtissent de plein fouet de la concurrence internationale, sans compter que la flambée des matières premières n'a pu être répercutée aisément par tous. A commencer par l'automobile, maillon faible de l'industrie française ces derniers mois. "Les perspectives 2007 restent sombres, avec peu de nouveaux modèles et une poursuite des délocalisations des modèles d'entrée de gamme. Les volumes automobiles seront au mieux stabilisés. Les perspectives 2008 sont un peu plus favorables. Mais entre temps le secteur risque de faire les frais d'un ajustement important des capacités de production", commente Yann Lacroix, responsable des études sectorielles Euler Hermes Sfac.

Les biens de consommation sont également à la peine, que ce soient les vêtements, les meubles, délaissés au profit des produits numériques ou de meubles bon marché fabriqués dans les pays de l'Est nouveaux membres de l'UE, ou les produits pharmaceutiques, marqués par une érosion des prix. Enfin, les biens d'équipement sont touchés aussi. Même l'aéronautique, qui bénéficie d'un carnet de commandes bien garni, doit réduire ses coûts pour compenser le renchérissement de l'euro, en hausse de 37% face au dollar depuis 2001.

"Alors que les prix de la construction et des biens intermédiaires sont restés soutenus (+4%), les prix (à la production) des biens de consommation ont été à nouveau en baisse en 2006 de 0,2 %. Cette tendance devrait se poursuivre en 2007-2008, reflétant l'intensification de la concurrence internationale (habillement, meubles, électronique grand public) et l'apparition de la déflation dans un domaine jusqu'alors très protégé, la pharmacie. La déflation menace aussi l'automobile, où les grands constructeurs domestiques pourraient emboîter le pas à Fiat et VW, en privilégiant la reconquête de parts de marché au maintien des marges d'exploitation", conclut Philippe Brossard, directeur de la recherche Euler Hermes Sfac.

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