Bras de fer entre Alcatel-Lucent et le gouvernement

Après les déclarations du ministre délégué à l'Emploi prônant un gel du plan social, l'équipementier télécoms s'est dit prêt à participer à un groupe de travail. Les syndicats poursuivent la mobilisation, le groupe refusant de revenir sur les suppressions de postes.

Comme le plan social de Hewlett-Packard à l'automne 2005, celui d'Alcatel-Lucent fait des vagues jusque sous les lambris de Matignon. L'équipementier télécoms a annoncé le 9 février dernier un vaste plan de suppression de 12.500 postes, dont 1.468 en France soit 12 % des effectifs. L'objectif est d'économiser 1,7 milliard sur trois ans, dont un minimum de 600.000 dès cette année. Le gouvernement est entré dans le jeu jeudi soir. Alors que le Premier ministre est intervenu jeudi soir sur France 2, l'intersyndicale (CFDT, CGT, CFE-CGC, FO, CFTC) rapporte que le ministre délégué à l'Emploi, Gérard Larcher, a préconisé, avec l'aval de Dominique de Villepin, le "gel" du plan social après qu'il a reçu les représentants du personnel puis la direction du groupe. Il a également proposé de mettre en place "un groupe de travail sur la place et la stratégie des télécoms, notamment de la recherche et développement, en France". Sachant que, une fois les conclusions de ce groupe arrêtées, "chacun prendra ses responsabilités", selon l'intersyndicale.

Réunissant son comité de groupe européen pour l'information et le dialogue social cet après-midi, la direction d'Alcatel-Lucent s'est dite prête à participer à un tel groupe, précisant que plusieurs autres réunions devaient avoir lieu "afin de poursuivre les échanges avec les représentants des salariés européens sur les enjeux stratégiques auxquels le groupe est confronté et leurs conséquences en termes d'organisation". Ce groupe de travail devrait être, d'après l'intersyndicale, composé des représentants de la direction, des syndicats et d'un coordinateur désigné par le gouvernement. L'intersyndicale compte s'accorder d'autant plus de temps pour étudier cette proposition avec chacune des organisation syndicales que la direction du groupe a refusé de suspendre son plan social. "Déçus", les syndicats se sont dits "déterminés à donner un avenir" à leur entreprise. "La direction a affirmé que nous avions mal interprété la demande du ministre", a déclaré à l'Agence France Presse (AFP) Alain Hurstel, le secrétaire CDFT du comité.

Reste que la direction du groupe souhaite elle aussi "prendre le temps de la discussion". Elle a d'ailleurs reporté sine die le comité central d'entreprise prévu initialement les 6 et 7 mars, qui devait donner le coup d'envoi des procédures officielles du plan social. Dans ces conditions, la mobilisation des salariés ne devrait pas fléchir. Ils ont été 3.000 à manifester jeudi. Les élus européens doivent se retrouver le 1er mars à Bruxelles dans le cadre de la fédération européenne de la métallurgie pour préparer une mobilisation commune.

Par ailleurs, Georges Sarre, président du groupe MRC au Conseil de Paris et maire du XIe, a demandé dans un communiqué adressé au maire de Paris, Bertrand Delanoë, de "suspendre l'attribution du marché wi-fi" qu'il vient d'attribuer à Alcatel-Lucent, "tant qu'Alcatel n'apporte pas de garanties sur les emplois parisiens". Un marché dont l'annonce a été faite pas plus tard que mercredi...

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