Un des suicides du Technocentre de Renault reconnu comme accident du travail

La Sécurité sociale a conclu que le premier des trois suicides du Technocentre de Renault à Guyancourt était un accident du travail. Reste pour les plaignants à faire reconnaître la faute "inexcusable " de Renault.

Après avoir complètement réexaminé le cas, la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) des Hauts-de-Seine a reconnu comme un accident du travail le premier de la série des trois suicides de salariés du Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines), a-t-on appris hier soir auprès de l'avocate de la veuve de ce salarié. Antonio B., ingénieur en informatique de 39 ans et père d'un garçon de 11 ans, s'était jeté du cinquième étage du bâtiment principal du Technocentre le 20 octobre 2006. Entre octobre 2006 et février 2007, trois salariés du Technocentre, où ingénieurs et techniciens conçoivent les nouveaux modèles du constructeur automobile, se sont suicidés.

"Cette reconnaissance d'un lien avec le travail est une étape symbolique importante, sans compter les indemnisations auxquelles cela donne droit", a déclaré à l'AFP Me Rachel Saada en précisant que la veuve du salarié avait reçu le courrier de la CPAM hier. "Nous allons maintenant tenter de faire reconnaître la faute inexcusable de Renault, qui avait une obligation d'assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale de son salarié", a-t-elle ajouté. De son côté, Renault "prend acte" de cette décision de la CPAM, a indiqué une porte-parole du constructeur automobile.

Le deuxième cas de suicide, celui d'un technicien qui s'est noyé le 22 janvier aux abords du Technocentre, n'a pas été reconnu comme un accident du travail, a indiqué Renault. Selon une source proche du dossier, cette décision résulte du fait que le corps avait été retrouvé aux limites du site et l'heure du décès n'étant pas précise, il pouvait se situer en dehors des horaires de travail.

En ce qui concerne Antonio B., "depuis la rentrée il avait atteint un seuil critique: il s'inquiétait pour son avenir, pour ses missions, était surmené et mis en cause régulièrement par un membre de sa hiérarchie", selon Me Saada.
La CPAM avait rejeté le 17 janvier dans une première décision le classement du suicide en accident du travail, après une enquête jugée "bâclée" par l'avocate. La Caisse nationale d'assurance maladie a demandé à la CPAM de ré-examiner ce cas, ce qui a donné lieu à cette nouvelle décision.

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a évoqué mercredi lors de l'assemblée générale "des tensions objectivement très fortes" pour les ingénieurs du groupe, lors de l'assemblée générale du groupe. Il faut "identifier les situations dans lesquelles nos collaborateurs sont seuls en face des difficultés", a-t-il estimé, rappelant la mise en place d'un plan de soutien aux personnels de Guyancourt après le dernier suicide, survenu le 16 février.

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