Le marché du disque rechute brutalement en France

L'accalmie aura été de courte durée sur le marché du disque. Les données dévoilées ce matin par les professionnels, à quelques jours de l'ouverture du Midem (Marché international du disque) révèlent un nouvel effondrement du marché.

Selon les chiffres publiés par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep), le chiffre d'affaires des éditeurs de disques dans les ventes physiques (gros hors taxes) s'est établi en 2006 à 800 millions d'euros, en baisse de 13 à 14% sur l'année. Un taux de décroissance équivalant à celui enregistré entre 2003 et 2004, alors qu'en 2005, on avait pu croire à une stabilisation du marché, qui n'avait perdu "que" 2,6%. Et la perte en 2005 avait été compensée par l'essor des ventes de musiques "dématérialisée" sur Internet ou via le téléphone mobile.

On est très loin d'une telle compensation en 2006: les ventes dématérialisées ont augmenté de 40 % pour s'établir à plus de 40 millions d'euros (gros hors taxes), très loin des 128 millions d'euros perdus sur le marché physique. Cela dénote en outre, un ralentissement de la croissance de ce nouveau marché, qui avait été de 380% entre 2004 et 2005.

Autre indicateur préoccupant: la baisse des quantités de disque livrées par les éditeurs aux magasins, qui s'est établie à 90 millions en 2006, contre 131 en 2005. Le marché était encore à 151 millions d'unités en 2003.

Le tableau du marché de détail, livré par Ifop au Snep sur la base d'un panel de 3.000 magasins, n'est guère plus florissant. Il enregistre une baisse de 11,8 % à 1,3 milliard d'euros, pour 90 millions d'unités vendues. La comparaison avec les quantités livrées par les éditeurs (100 millions) indique que les stocks en magasins sont élevés. De fait, les ventes de Noël ont été décevantes, aucun album ne franchissant la barre du million de ventes.

Le téléchargement légal sur Internet a généré, lui, un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros, en hausse de 50% sur un an, tandis que les données pour la téléphonie mobile ne sont pas encore disponibles, mais devraient représenter un montant environ deux fois supérieur.

Pour le Snep, le piratage via les réseaux peer-to-peer reste largement responsable de cette situation. Le retard dans la mise en application de la loi sur le droit d'auteurs sur Internet (DADVSI), votée en août 2006 et toujours en attente de ses décrets d'application, est mis en cause. Pour Christophe Lameignere, PDG de SonyBMG France, et président du SNEP, le débat mouvementé sur la loi DADSVI, les propositions - finalement repoussées - de licence globale autorisant le téléchargement illimité contre une rémunération forfaitaire, ont même développé le recours au piratage et empêché le développement de plates-formes de ventes en ligne.

Néanmoins, le SNEP, après quatre années de crise où les éditeurs phonographiques ont donc vu leur chiffre d'affaires fondre de plus de 38%, se refuse à sombrer dans le catastrophisme. Le marché américain, où la musique dématérialisée pèse déjà 18% des ventes, est cité comme illustration du fait que la bascule vers un marché dominé par les circuits de distribution numérique est en train de se réaliser.

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