S&P relève pour la première fois depuis trente ans la note de la dette japonaise

Après n'avoir subi que des rétrogradations, la dette du Japon a enfin bénéficié d'un relèvement de note de l'agence Standard & Poors. Le gouvernement prévoit que la hausse des recettes fiscales engendrée par la croissance économique permettra de limiter le recours à l'endettement, déjà beaucoup réduit ces derniers mois.

L'agence de notation financière Standard & Poor's a annoncé ce lundi matin qu'elle relevait d'un cran, à "AA" contre "AA-", la note de la dette souveraine à long terme du Japon, en raison de ses "progrès sur les fronts budgétaire, monétaire et structurel".

C'est la première fois que Standard & Poor's, qui couvre le Japon depuis 1975, relève la note du pays. Celle-ci, qui était au départ de "AAA" (la meilleure possible), n'avait jusqu'à présent subi que des rétrogradations. Cette amélioration intervient notamment cinq ans après un humiliant abaissement à "AA-" en raison du retard pris, à l'époque, par le programme de réformes structurelles sur fond de stagnation économique et de déflation. Cette dégradation avait soulevé un tollé dans la deuxième économie mondiale.

La note "AA" est la troisième meilleure sur une échelle de vingt-deux, attribuée aux émetteurs de haute qualité. Le Japon reste toutefois le deuxième pays du G 7 le plus mal noté par Standard & Poor's derrière l'Italie ("A+"). Les agences de notation ont pour tâche d'évaluer la qualité de la dette émise aussi bien par des Etats que par des entreprises.

La dette publique japonaise atteignait en 2006 185% du produit intérieur brut (PIB), un record pour un pays développé, héritage de politiques de relance et de travaux publics massifs menées dans les années 1990, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI).

Standard & Poor's a souligné, dans un communiqué, que le déficit public du Japon devrait descendre à 5% du PIB lors de l'année budgétaire 2007-2008 (avril-mars), contre 8,2% en 2002-2003, "grâce aux efforts soutenus de consolidation fiscale menés par le gouvernement".

"Les responsables politiques ont été confrontés à un triple défi: consolider les comptes budgétaires et restructurer le secteur privé sans faire resurgir les pressions déflationnistes", explique dans le communiqué Takahira Ogawa, analyste chez Standard & Poor's.

"Notre évaluation est qu'ils sont en train de réussir l'épreuve", ajoute-t-il, se félicitant également de l'abandon en juillet 2006 de la politique de taux d'intérêt zéro menée par la Banque du Japon depuis 2001. Le Premier ministre Shinzo Abe, arrivé au pouvoir en septembre dernier, a mis en oeuvre un programme économique visant à stimuler la croissance plutôt qu'à couper dans les dépenses publiques.

Mais le budget de l'Etat pour 2007-2008 a aussi prévu une diminution de 15% des émissions de bons du Trésor, la plus forte réduction jamais réalisée. Le gouvernement prévoit que la hausse des recettes fiscales engendrée par la croissance économique permettra de limiter le recours à l'endettement.

Standard & Poor's a précisé que les perspectives de la nouvelle note sont "stables", c'est à dire qu'elle n'envisage pas de la modifier prochainement. Cette stabilité des perspectives "est basée sur les prévisions selon lesquelles le gouvement actuel va continuer à réformer le secteur public. Des progrès plus rapides que prévu pourraient améliorer la perspective des notes souveraines du Japon. A l'inverse, des pressions à la baisse sur les notes pourraient se produire si les efforts de consolidation fiscale du gouvernement piétinent", avertit Standard & Poor's. L'agence a par ailleurs maintenu à "A 1+", la meilleure possible, la note de la dette nippone à court terme.

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