ArcelorMittal veut rattraper le retard de l'acier dans la construction en France

La France est un des pays européens qui utilise le moins d'acier dans ses bâtiments. A la différence par exemple de la Grande-Bretagne. ArcelorMittal s'attache à modifier la donne.

ArcelorMittal a noué un partenariat avec les principaux éditeurs de logiciels utilisés dans les secteurs des bâtiments et de la construction. Son but : développer l'utilisation d'acier dans les bâtiments dans l'Hexagone.

"En France, le gisement est colossal", s'exclame Bruno Théret, responsable marketing de BCS (Building and construction support) chez ArcelorMittal. "La croissance de l'acier en France passera par la construction, bien davantage que par le secteur automobile, par exemple". Le groupe multiplie les initiatives, mettant en place des solutions complètes autour de produits innovants, comme les murs coupe-feu, les planchers ou la poutrelle "Angelina".

La France est un des pays européens qui utilise le moins d'acier dans ses bâtiments. D'abord pour des raisons historiques. Alors que la France utilisait massivement l'acier dans la construction à la fin du XIX siècle, jusqu'à construire la tour Eiffel, elle a désappris son utilisation après la guerre 14-18, à la suite d'une augmentation massive des prix de l'acier en France au sortir de la première guerre mondiale."En Grande-Bretagne, le réflexe dans la construction, c'est l'acier", souligne Bruno Théret. Mais ce réflexe est récent. En 1980, l'acier détenait 32% de part de marché outre-manche, cette part n'a cessé de croître pour atteindre 72% aujourd'hui , soit 1,4 million de tonnes prévues en 2007. "C'est le résultat des efforts constants menés par la filière acier, par Corus mais aussi par les constructeurs", explique Bruno Théret.

En France, ces efforts n'ont pas été aussi fournis. Arcelor s'étant séparé de ses usines françaises de produits longs (poutres et poutrelles, utilisés pour la structure des bâtiments), ce débouché n'a pas été soutenu par le sidérurgiste. En revanche, les toitures et les bardages en acier, reposant sur des produits plats fabriqués en France, ont été davantage promus, notamment dans les bâtiments industriels. Ainsi l'acier détient une part de marché de 90% dans les façades et toits de ce secteur dans l'Hexagone.

De surcroît, l'acier a été récemment freiné dans le bâtiment en France par un renforcement des normes anti-incendie, qui le disqualifiait en imposant des primes d'assurance plus élevées. Ainsi la part de marché globale de l'acier dans les bâtiments industriels est passée de 74% en 2003/2004 à 60% en 2004/2005. Dans les bureaux, cette part est tombée à 22% (contre 30% en 2000). Dans le résidentiel, l'acier reste marginal, autour de 2%, à l'exception des toits des chalets de montagne qui l'apprécient pour supporter le poids de la neige.

Aujourd'hui, ArcelorMittal contourne cet écueil par des innovations techniques comme le mur coupe-feu, parfaitement isolant grâce à des couches de mousse de verre, de plâtre et de fibro-silicate. En outre, la réglementation a été modifiée. Le groupe mise également sur ses planchers (béton à l'intérieur de plaque profilée en acier) pour gagner des points. Très résistants, ils permettent de diminuer le nombre de poteaux internes et donc de gagner de l'espace. "Plus rapide à poser, ils répondent aux impératifs de délais imposés aux chantiers en Europe de l'Ouest", explique une responsable marketing de Arcelor Construction. "Depuis trois ans, notre part de marché sur les planchers en France a été multipliée par deux chaque année, pour atteindre aujourd'hui 3 à 4%", ajoute-t-elle.

La poutrelle "Angelina" (en forme de lèvres !) permet, elle, de contenir des câbles et donc de supprimer les faux plafonds. Bilan : les bâtiments peuvent gagner un étage supplémentaire tous les sept étages.
Pour le renouveau de l'acier dans la construction en France, outre les partenariats avec les architectes, les constructeurs et les bureaux d'études, ArcelorMittal mise enfin sur les grands projets. Le toit du Stade de France, vaste comme la place de la Concorde, repose sur 18 aiguilles en acier de 1,8 mètre de diamètre. La nouvelle coque du terminal E de Roissy repose sur des arcs en acier.

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