Emissions de Co2 : à l'issue du Grenelle, la France prend du recul par rapport à ses objectifs

Jean Syrota, président de la commission énergie du Centre d'analyse stratégique, explique pour Latribune.fr la position de la France qui semble abandonner l'objectif du facteur 4, soit la division par 4 des émissions de Co2 d'ici 2050, si l'on en croit le discours du président Nicolas Sarkozy à l'issue du Grenelle de l'environnement.

Il faut diviser par 2 les émissions de Co2 dans le monde d'ici 2050, et par 4 dans les pays industrialisés : la Commission de l'énergie en est bien convaincue ; mais ce n'est pas la France qui négocie, c'est l'Union Européenne. Il restera à répartir l'objectif global de façon équitable entre les différents états-membres, ce qui doit conduire à fixer un objectif unique d'émission de Co2 par habitant. Le facteur 4 pour l'Union Européenne se traduirait alors par 2,5 pour la France, dont la production d'électricité, contrairement à la plupart des autres pays, où elle représente souvent plus du tiers des émissions totales, émet peu de Co2.

Pourquoi un Français devrait-il dépenser beaucoup d'argent pour émettre deux fois moins de Co2 qu'un Allemand en 2050, pour la seule raison qu'il en émettait déjà deux fois moins que lui en 1990 ? Par ailleurs, au stade actuel de ces études, la Commission estime qu'il n'est pas réaliste de viser une division par plus de 2,5 des émissions de Co2 en France, sauf à compter sur le recours à des technologies peu probables vues d'aujourd'hui ou à des rationnements.

Atteindre ce facteur 2,5 nécessite déjà la mise en oeuvre de mesures nettement plus draconiennes que celles qui ont été adoptées après le premier choc pétrolier. Il faut prendre des décisions sans délai et s'y tenir, quel que soit le prix du pétrole à venir, en combinant de la façon la plus efficace, les différents moyens d'intervention : incitations, réglementation, normalisation... Cela conduira à diminuer durablement la consommation d'énergie en période de croissance économique : cela ne s'est jamais vu, jusqu'à présent et pour y parvenir, il faudra l'implication de tous.

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