Camilleri, le roi de Sicile

"La patience de l'araignée", le nouveau roman d'Andrea Camilleri, met en scène son personnage fétiche: le commissaire Montalbano, héro bourru et philosophe d'une saga policière réjouissante.

On dit d'Andrea Camilleri qu'il a réconcilié les Italiens avec leur littérature. Et de fait le romancier sicilien caracole en tête des ventes depuis des années. Les clés de son succès: une langue truculente, mélange d'italien et de dialecte sicilien (un défi pour les traducteurs!), un personnage principal attachant par le regard qu'il jette sur la société, des dialogues ciselés rehaussés par un humour caustique. Bienvenue dans le petit monde de Don Camilleri!

"La patience de l'araignée", le dernier opus de la série policière du commissaire Montalbano (une dizaine de titres tous parus chez Fleuve Noir), est une savoureuse étude de moeurs autour d'un fait divers - l'enlèvement d'une jeune fille - qui traumatise les habitants de Vigata, la ville imaginaire cadre de nombreux romans de l'auteur. Comme à son habitude, le commissaire va démêler les fils de cette intrigue avec sa bonhomie et sa placidité habituelles.

Anti-héros bourru et philosophe, amateur de bonne bouffe et flic au grand coeur, le personnage crée par Camilleri n'a pas d'équivalent dans la littérature policière. C'est là toute la force du romancier que d'avoir su créer entre son personnage et ses lecteurs un lien de fidélité inédit. Comme un cru de bon vin, chaque année apporte une nouvelle tranche de vie de cette petite communauté sicilienne.

Pourtant Andrea Camilleri n'est pas prisonnier de son personnage. Le maître sicilien a d'autres cordes à arc. En dehors du roman policier, il signe aussi des romans historiques qui ont pour cadre la Sicile des XIXe et XXes siècles. Le dernier en date, "Privé de titre" (Fayard, 288 pages, 18 euros), se déroule juste avant la prise du pouvoir par les fascistes. L'occasion pour Camilleri de tisser des intrigues plus corrosives et politiques, dans la droite ligne du grand Leonardo Sciascia.


"La patience de l'araignée", d'Andrea Camilleri. Traduit de l'italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria. Fleuve Noir, 214 pages, 20 euros.

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