L'ONU dénonce un "apartheid" de l'adaptation aux effets du réchauffement

Le dernier rapport de l'ONU sur le développement humain souligne que les pays riches investissent des sommes considérables pour se protéger du réchauffement climatique, mais que "les pauvres du monde sont abandonnés à leur sort". Des besoins considérables en infrastructures et en bâtiments résistants commencent à se faire sentir.

Quoi que la communauté internationale fasse pour freiner les changements climatiques, "le monde n'échappera pas au réchauffement pendant la première moitié du XXIème siècle", compte tenu de la concentration actuelle des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Cet inquiétant constat du dernier rapport mondial sur le développement humain émanant du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) démontre à quel point il est nécessaire pour la planète d'investir dans la capacité d'adaptation aux changements climatiques dès à présent.

Il s'agit en effet "d'empêcher que le changement climatique n'entraîne un recul significatif du développement humain", indique ce rapport baptisé "la lutte contre le changement climatiques : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé". Face à la multiplication des évènements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, cyclones ...), le monde doit se protéger grâce à des infrastructures adaptées et à des bâtiments plus résistants.

Mais le rapport attire l'attention sur les inégalités extrêmes en termes de capacités d'adaptation selon les régions du monde. "Les pays riches investissent des sommes considérables dans les systèmes de défense contre les changements climatiques", et "à l'inverse, dans les pays en développement, les pauvres du monde sont abandonnés à leur sort, avec leurs maigres ressources", poursuit le rapport en citant le prix Nobel Desmond Tutu, archevêque émérite du Cap. Ce dernier déplore l'émergence d'un "monde caractérisé par un apartheid de l'adaptation" aux changements climatiques.

Les chiffres sont édifiants. A ce jour, "le total des dépenses en adaptation consenties par le biais des mécanismes multilatéraux s'élève à 26 millions de dollars, ce qui représente l'équivalent d'une semaine de dépenses pour les systèmes de défense face aux inondations du Royaume Uni", explique le Pnud. Or, les besoins en infrastructures adaptées et en bâtiments résistants vont devenir considérables. Pour en assurer la réalisation dans les pays du Sud, le rapport exhorte les gouvernements du nord à trouver des financements supplémentaires qui devront atteindre "au moins 86 milliards l'an d'ici à 2015", une part minime de leur PIB, souligne le Pnud.

Ce dernier incite toutefois les Etats à redoubler d'effort pour s'attaquer aux racines du mal, c'est-à-dire aux émissions de gaz à effet de serre qu'il est urgent d'atténuer. "Notre modèle énergétique est incompatible avec nos ressources", écrivent les auteurs du rapport qui apportent son soutien aux objectifs de réduction des émissions proposées par l'Europe dans le cadre des Nations Unies : une baisse moyenne de moitié de ces émissions, avec un effort particulier des pays du Nord, principaux responsables des concentrations actuelles de CO2 dans l'atmosphère du fait de leur industrialisation précoce. Ceux-ci pourraient réduire leurs rejets de 30% d'ici à la fin du siècle et de 80% d'ici à 2050. L'objectif pour cette fin de siècle, est d'essayer d'éviter un réchauffement supérieur à 2° Celsius, seuil généralement considéré comme une limite tolérable pour nombre pays de la planète.

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