Airbus : dialogue de sourds entre Français et Allemands

La foire d'empoigne continue aujourd'hui entre Français et Allemands. Au lendemain de l'annonce par Airbus du report de du plan de restructuration de l'avionneur, faute de consensus des deux côtés du Rhin, politiques et dirigeants d'EADS y sont allés chacun de leur petite phrase.

L'opposition entre les deux camps est perceptible au niveau des responsables gouvernementaux. Le Premier ministre français Dominique de Villepin avait à peine confirmé ce mardi matin sur RTL les 10.000 suppressions de postes envisagé par le plan Power 8 -en demandant qu'il n'y ait pas de licenciements secs" -, que Berlin répliquait sèchement en précisant "qu'EADS n'avait pas encore pris de décision définitive sur l'emploi".

Mieux, alors que l'Allemagne n'a cessé de faire pression sur Louis Gallois (le co-président exécutif français d'EADS et PDG d'Airbus) depuis des semaines afin de préserver ses intérêts, le porte-parole adjoint du Gouvernement allemand Thomas Steg a déclaré ; "le gouvernement allemand attache de l'importance à ce qu'il n'y ait pas d'ingérence et de mélange dans les responsabilités (...) c'est la direction de l'entreprise qui est appelée à présenter un programme d'adaptation".

Du bon sens oublié l'instant après : "Dans le processus nécessaire et peut être inéluctable de la restructuration, qui impliquera aussi des réductions d'effectifs, il faut s'assurer avant tout qu'il y aura une répartition équitable et équilibrée entre les différents pays et usines".

Dimanche dernier en conseil d'administration, Tom Enders, l'alter ego de Louis Gallois a s'est prononcé contre le plan, estimant que l'Allemagne était lésée dans répartition industrielle de l'A350. Dans la foulée l'actionnaire allemand EADS, DaimlerChrysler a refusé d'entériner le plan. "Nous devons répartir le plus justement possible les charges, mais aussi les charges mais aussi les chances d'avenir, les compétences", a déclaré Tom Enders. Précisément, l'Allemagne voudrait assembler une partie du fuselage de l'A350 (tronçon 15-21) à la place de Saint-Nazaire selon Le Monde.

La réaction française ne s'est pas faîte attendre. Dans un entretien au journal Le Monde, Arnaud Lagardère, co-président du conseil de surveillance d'EADS a déclaré que la partie française sera intraitable dans la défense des intérêts français. "Nous serons intraitables sur les intérêts français, mais avec mon homologue Manfred Bischoff, nous ne laisserons pas le conflit franco-allemand s'envenimer".

Réfutant l'idée d'un isolement de Louis Gallois, il a assure qu' "en ce qu'il me concerne, et avec l'Etat que je représente au Conseil, il a tout mon soutien". Par ailleurs, Arnaud Lagardère estime qu'il faut cesser d'incriminer les actionnaires dans la crise actuelle. "Arrêtons l'hypocrisie de dire que ce sont les actionnaires qui bloquent le dossier sur cette question des transferts de production. S'ils ne le faisaient pas, cela bloquerait ailleurs, au niveau des syndicats ou de l'Etat".

La ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie demande quant à elle un arbitrage entre les "logiques d'entreprises" et les "préoccupations nationales que l'on peut comprendre". Pour elle, "l'éclatement d'Airbus sur des tas de sites n'est sans doute pas ce qu'il paraît le plus rationnel, le plus économique, le plus efficace".

Enfin, voulant ramener cette affaire dans la campagne électorale, Jack Lang, conseiller de la candidate socialiste Ségolène Royal, demande au Gouvernement de "dire" la vérité sur la manière dont il entend ait gérer le dossier Airbus. "Cache-t-on quelque chose au pays, veut-on gagner du temps à cause des élections ? Nous demandons la vérité", a-t-il déclaré.


Airbus au menu de la rencontre vendredi entre Jacques Chirac et Angela Merkel
C'est dans une atmosphère pour le peu tendue entre Paris et Berlin que la prochaine reprise de dialogue entre les deux pays est prévue vendredi. Le hasard du calendrier ayant programmé une rencontre entre le président français Jacques Chirac et la chancelière allemande Angela Merkel en Allemagne, aux environs de la capitale allemande. Un entretien qui s'inscrit dans le cadre des rencontres régulières dites de "Blaesheim", laquelle rencontre ne doit pas se transformer en "sommet Airbus", a prévenu Thomas Steg. A côtés d'autres thèmes bilatéraux ou internationaux, "tous les aspects" du dossier Airbus pourront être abordés, mais "aucune décision concernant le plan d'adaptation de l'entreprise n'est à attendre" de cette rencontre, a-t-il ajouté. La dernière entrevue de la chancelière avec le pouvoir politique français sur le dossier remonterait au 9 février, Merkel ayant parlé ce jour au téléphone avec Dominique de Villepin pour souligner notamment que les décisions relevant de la stratégie de l'entreprise relevaient exclusivement du management de l'entreprise...

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