Airbus : un record de commandes et des interrogations

Avec près de 100 milliards de dollars de commandes depuis l'ouverture du Salon du Bourget, Airbus s'est offert une bouffé d'oxygène après des mois bien difficiles. Mais, derrière cet étincelant succès commercial, se pose la question des prix pratiqués par l'avionneur européen.

Le temps d'une semaine, Airbus a oublié tous ses soucis. Arrivé au Salon du Bourget avec à peine 200 commandes sur son carnet, bien loin des 429 de Boeing, l'avionneur européen a accumulé les ventes. Un succès commercial aussi inattendu que salvateur pour un groupe en proie aux doutes et distancé par son rival. "C'est le meilleur salon aéronautique jamais enregistré pour un avionneur", s'est félicité John Leahy, directeur commercial d'Airbus.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes: 425 commandes fermes et 303 intentions d'achat pour un montant global, prix catalogue, de 98 milliards de dollars (73 milliards d'euros). Et Airbus se sent pousser des ailes. Les dirigeants de l'avionneur européen tablent désormais sur 900 commandes fermes cette année, contre un objectif de 600 en début de salon. "Je peux vous dire avec une confiance totale qu'Airbus est de retour," s'est réjoui Louis Gallois, président du constructeur depuis octobre dernier.

Symbole de ce renouveau, l'A350 XWB, futur long-courrier d'Airbus, concurrent direct d'un Boeing 787 Dreamliner largement plébiscité par les compagnies aériennes du monde entier. Contraint de revoir sa copie après une première version très critiquée, Airbus n'avait écoulé que treize exemplaires de l'appareil avant le Salon du Bourget. Il en repartira avec plus de deux cents commandes fermes.

Qatar Airways avait parfaitement ouvert le bal en confirmant lundi une commande de 80 A350 pour un montant de 17 milliards de dollars, très vite suivi par US Airways, Aeroflot, Kingfisher ou encore Singapore Airlines. En attendant une grosse commande de la part d'Emirates, qui pourrait se porter acquéreur de soixante exemplaires. Dernier signe du redressement du futur long-courrier d'Airbus, la compagnie américaine Delta Airlines a décidé de repousser une commande de 125 Boeing 787 pour étudier de plus près son concurrent européen.

Fort de ce succès, John Leahy a appelé les compagnies ayant commandé la précédente version de l'A350 de convertir leur commande dans les prochaines semaines. "Nous ne pouvons garder nos créneaux de livraison éternellement. Nous leur proposons de confirmer leurs commandes ou d'y renoncer", a-t-il déclaré. Parmi eux, le très influent loueur d'avion ILFC, réputé pour donner le ton du marché, devrait se prononcer très rapidement.

Autre symbole, l'A380, le plus gros avion civil du monde, au centre de toutes les attentions après ses nombreux retards de production. Avec quatorze commandes enregistrées au Salon du Bourget, le gros porteur d'Airbus a dépassé son objectif de vingt ventes sur l'année, en attendant son premier vol commercial en octobre prochain.

"Il n'a jamais été dans nos habitudes de réserver une batterie d'annonces de commandes pour un salon aéronautique. Nous sommes venus au Bourget pour confirmer que la livraison du premier 787 Dreamliner était toujours programmé pour mai 2008", a commenté un porte-parole de Boeing devant cet avalanche de commandes, estimant qu'Airbus profitait de l'évènement pour officialiser des contrats déjà signés et ainsi réaliser des effets d'annonces.

Tout juste crédité de 66 commandes, dont cinquante exemplaires de son futur long-courrier, l'avionneur américain a semble-t-il laissé volontiers la vedette à son concurrent. Mais n'oubliant également pas de souligner qu'Airbus avait peut-être fait un peu trop de concessions sur ses prix pour décrocher autant de contrats.

Car, au-delà cet indéniable succès commercial, la question des tarifs pratiqués par l'avionneur européen commence à se poser. "Airbus va payer pour ces commandes bien après la fin du Salon," estime ainsi Doug McVitie, consultant aéronautique chez Arran Aerospace. "Ils se devaient de relancer leur programme A350 mais il apparaît qu'ils ont sacrifié la qualité des contrats au bénéfice de la quantité".

"J'aurais espéré obtenir des prix de ventes plus élevé", reconnaît à demi-mots John Leahy, directeur commercial d'Airbus. "Mais nous sommes encore dans nos plans". "Boeing a également pratiqué des prix très agressifs ces derniers temps, notamment sur le 787," a-t-il ajouté. Louis Gallois avait pour sa part indiqué en milieu de semaine qu'Airbus n'avait pas "pas l'intention de sacrifier les prix pour avoir des commandes".

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