Nouveau statu quo de la Réserve fédérale américaine

La banque centrale américaine a laissé mercredi son taux directeur à 5,25%, toujours dans l'attente de la confirmation du ralentissement de l'inflation. Alors qu'aucun économiste ne s'attend à un mouvement de la Fed au premier semestre, un quart d'entre eux estiment qu'il y aura un mouvement de baisse avant septembre..

Comme attendu, la Réserve fédérale (Fed) a laissé mercredi soir son principal taux directeur inchangé à 5,25%, le même depuis juin 2006. Pris en étau entre des risques inflationnistes toujours présents et une croissance en forte décélération, la Fed a une fois de plus opté pour le statu quo, comme s'y attendaient l'ensemble des 101 économistes interrogés par l'agence Bloomberg.

Lors de la dernière réunion de politique monétaire le 21 mars, la banque centrale américaine avait pour la première fois abandonné le biais haussier de son communiqué, tout en indiquant que l'inflation restait le sujet de préoccupation majeur. Etant donné les incertitudes qui prévalent encore aussi bien sur la croissance que sur l'inflation, la Fed a adopté le même discours aujourd'hui, se laissant encore tous les options ouvertes, à la hausse comme à la baisse.

"Les prochains mouvements de politique monétaires dépendent de l'évolution des perspectives à la fois pour la croissance et pour l'inflation (...)."La croissance économique a ralenti dans la première partie de cette année et l'ajustement se poursuit dans le secteur de l'immobilier résidentiel (...). La croissance économique devrait rester modérée", indique le communiqué. "L'inflation est le sujet de préoccupation majeur (...). L'inflation sous-jacente reste assez élevée (...). La préoccupation prédominante du Comité reste le risque que l'inflation ne se modère pas comme prévu", ajoute-t-il.

La croissance économique a reculé à 1,3% au premier trimestre outre-Atlantique, sa plus faible progression en quatre ans, et les ventes de logements anciens ont chuté en mars comme jamais depuis 1989. Enfin, autre signe manifeste de ralentissement, l'économie américaine n'a créé que 88.000 postes en avril, ce qui n'avait pas été aussi faible depuis deux ans. Mais l'inquiétude sur la croissance a néanmoins pu être atténuée par les indices ISM (indices des directeurs d'achats dans l'industrie et dans les services) satisfaisants en avril.

Par ailleurs, cela fait trois ans que l'inflation reste supérieure ou égale à la fourchette haute de la zone de confort de la Fed, malgré une modération en mars. Certes l'indice sous-jacent des prix à la consommation, c'est à dire hors éléments volatils comme les produits alimentaires et l'énergie, a reculé à 2,1% sur un an, la plus faible hausse depuis un an. Mais cette tendance reste à confirmer pour que la Fed concède enfin à assouplir sa politique monétaire.

D'autant que le prix des produits alimentaires et de l'énergie, eux, ne décélère pas ; et celui des importations est susceptible de grimper, compte tenu de la faiblesse du dollar. "La Fed considère le marché du travail est toujours tendu, et que la hausse des prix de l'énergie pourrait se transmettre au reste de l'économie", ajoute Michael Carrey, chez Calyon. L'économiste s'attend à une nouvelle décélération de l'indicateur d'inflation sous-jacente dès cet été, ce qui permettra à la Fed de revenir à une politique monétaire plus accommodante à l'automne et de prévenir un ralentissement plus marqué de l'économie.

Alors qu'aucun économiste ne s'attend à un mouvement de la Fed au premier semestre, un quart d'entre eux estiment qu'il y aura un mouvement de baisse avant septembre. Ce jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devrait également laisser son taux inchangé à 3,75%, tandis que la Banque d'Angleterre devrait relever son taux directeur d'un quart de point à 5,5%.

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