"Louise", opéra libertaire

L'Opéra Bastille donne "Louise", roman musical de Gustave Charpentier, hymne à l'amour libre et aux plaisirs dans le Paris de la Belle époque.

"Pour une fois, les décors et la mise en scène modernes sont tout à fait adaptés". Cette réflexion entendue dans les travées de l'Opéra Bastille après la première de "Louise" résume la satisfaction du public sur tous les plans. Aussi bien musicaux que scéniques. L'héroïne de Gustave Charpentier qui est à l'opéra ce que "Amélie Poulain" est au cinéma fait ainsi une entrée réussie au répertoire de l'Opéra de Paris où elle n'a jamais été donnée. Alors qu'elle a fait les beaux jours de l'Opéra Comique dont elle a été l'oeuvre la plus jouée pendant la première moitié du XXème siècle. Mais "Louise" a connu aussi un succès planétaire sur les plus grandes scènes lyriques du monde et a même été portée à l'écran par Abel Gance, en 1938.

Créée en 1900 par le montmartrois Gustave Charpentier (1860-1956), qui en a écrit également le livret en se souvenant de la Commune de Paris, "Louise" n'est pas un opéra stricto sensu mais un roman musical un peu étiré en quatre actes, accompagnée à l'époque d'un fumet de scandale. Sur un mode réaliste dans la lignée de Zola, le musicien fait entrer le menu peuple des faubourgs sur la scène de l'opéra et compose un hymne à l'amour libre. L'héroïne est une cousette, fille unique d'un couple d'ouvriers qui s'amourache de son voisin, un bohème à la mauvaise réputation. Rompant les amarres, tenant tête à son père qui ne supporte pas de voir sa fille lui échapper, Louise choisit les feux de l'amour et les plaisirs de la "ville lumière". Et ne le regrettera pas.

Avec le décorateur Nicky Rieti, le metteur en scène André Engel a mis sur pied un dispositif scénique varié avec des tableaux très cinématographiques cadrés en hauteur ou en largeur qui se succèdent dans un luxe de détails : toits de Paris, salle des fêtes de Montmartre, quai d'une station de métro.... Transposé dans les années trente, le tout est un peut trop lisse et propret pour le propos nettement libertaire qui appelle à jouir des plaisirs de la chair sans entraves.

Influencée par la musique allemande, notamment Wagner, la partition laisse couler des flots de musique lyrique en diable, parsemée de quelques airs solos ou duos. Dans la fosse, le chef Sylvain Cambreling libère les énergies, au risque parfois de couvrir les voix. La distribution réunit un plateau efficace mais un peu terne, seul le baryton belge José Van Dam s'imposant par sa présence. Dans le rôle de Julien, l'Américain Paul Groves est un ténor honnête, sans plus. Dans celui de Louise, la soprano française Mireille Delunsch joue sur un registre très maîtrisé mais un rien engoncé.


Les 30 mars, les 3, 6, 9, 12, 19 avril, tél. 08 92 89 90 90, www.operadeparis.fr

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