Le Sénat français cherche une parade à la puissance des fonds souverains

Selon un rapport du Sénat, la France a besoin de l'argent des fonds souverains mais doit aussi protéger ses entreprises. Les sénateurs préconisent de demander aux pays d'origine de ces fonds la "réciprocité", c'est-à-dire des facilités pour les entreprises françaises désireuses d'y investir.

Alors que l'Allemagne vient d'adopter, ce mercredi, un projet de loi pour mieux protéger ses entreprises, la France aussi s'interroge. Si le pays a besoin de l'argent des fonds souverains étrangers, il doit mener une "réflexion stratégique" pour protéger son industrie et demander plus de "réciprocité" pour ses investissements, estime le président de la commission des Finances du Sénat, l'ancien ministre Jean Arthuis (UDF), qui présentait ce jeudi un rapport de sa commission sur ces fonds d'investissement publics qui gèrent les énormes réserves de change des grands exportateurs de matières premières et de biens de consommation.

"La France est en position de relative faiblesse" vis-à-vis des fonds souverains, a souligné Jean Arthuis. "Quand on a une balance commerciale déséquilibrée" comme celle de la France, on a "besoin de ces capitaux", a-t-il expliqué, ajoutant que "quand il s'agit de recapitaliser certaines sociétés, comme EADS, l'intervention de fonds souverains est bienvenue". Le fonds d'investissement du gouvernement de l'émirat de Dubaï a en effet pris une participation de 3,12% en juillet dans EADS.

Pour Jean Arthuis, c'est aussi sans doute grâce aux abondantes liquidités de ces fonds que la crise du "subprime" s'est amortie "assez vite" sur les marchés boursiers.

Toutefois, la France doit demander aux pays d'origine de ces fonds de la "réciprocité", à savoir plus de facilités pour y investir, afin de profiter des opportunités dans ces marchés à forte croissance. Si la France dispose d'un appareil législatif qui lui permet d'émettre un "veto sur certains investissements, dans la défense en particulier", elle doit également s'engager dans une "réflexion stratégique" pour protéger son appareil industriel, a jugé le sénateur UDF.

Il faut aussi encourager les pays à fonds souverains à plus de transparence dans leurs investissements, comme l'a fait le G7 dans le communiqué publié à l'issue de sa réunion de vendredi. Jean Arthuis a affirmé qu'"une fraction significative des sociétés du CAC 40 est détenue par ces fonds", avouant toutefois que l'opacité de ces sociétés d'investissements empêche de véritablement connaître l'étendue de leurs diverses participations.

Les fonds souverains pèsent de plus en plus lourds: la banque Morgan Stanley les évalue à 2.500 milliards de dollars, tandis que Jean Arthuis a évoqué le chiffre de 4.000 milliards jeudi, ajoutant que ce niveau ne pouvait que s'accroître. On les trouve dans un nombre croissant de pays, aussi divers que la Norvège, la Chine, Singapour ou les pays du Golfe.

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