Ambiance houleuse à l'Assemblée générale d'Alcatel Lucent

Alors que quelques centaines de salariés manifestaient devant le palais des Congrès, les syndicats ont interrompu la séance pour lire une allocution contre les licenciements prévus par le groupe. Une résolution entérinant les indemnités de départ de Patricia Russo, la directrice générale, faisait partie des points les plus litigieux. Mais elle a été votée à plus de 89% par les actionnaires.

Les syndicats avaient promis de l'ambiance à l'assemblée générale d'Alcatel Lucent, ils ont tenu parole. Ils ont entamé les festivités en interrompant le début de la séance pendant près d'une demi-heure pour dénoncer le plan social du groupe, qui prévoit la suppression de 12.500 postes dont 1.500 en France, ainsi que les indemnités de départ accordées ou promises aux dirigeants.

Pendant ce temps, entre 200 et 300 salariés manifestaient à l'extérieur du Palais des Congrès. Une centaine d'entre eux avaient acquis la dizaine d'actions requise pour pouvoir participer à l'AG. Ils n'ont ainsi pas manqué de siffler l'allocution d'introduction du président Serge Tchuruk qui a dû demander une interruption de séance.

Des représentants de la CGT et de la CFDT ont chanté: "J'ai perdu mon boulot, c'est la faute à Russo!" avant d'entamer la Marseillaise. A ensuite démarré une manifestation en bonne et due forme en scandant: "Suppressions d'emplois, non, non, non!". Des slogans rythmés par des concerts de sifflets et trompettes, tandis que les actionnaires se bouchaient les oreilles...

"Mesdames et messieurs les actionnaires, ne vous réjouissez pas quand la direction d'Alcatel-Lucent annonce des licenciements", a déclaré Jean-Baptiste Triquet, délégué CFDT, lisant une déclaration au nom de la CGT et de la CGC, dont les représentants sont restés à l'extérieur. "Ces licenciements ont prouvé leur inefficacité. Depuis qu'ils sont en oeuvre, innovation, qualité, délais, marges se sont dégradés".

Parmi les sujets les plus litigieux de l'Assemblée générale, l'affaire des stocks-options et des parachutes dorés a figuré en bonne place. En effet, parmi les résolutions soumises aux actionnaires la numéro 9 portait sur le "package" qui serait accordé à Patricia Russo, en cas de départ. La patronne de l'équipementier télécoms toucherait ainsi deux ans de rémunération fixe et variable ainsi que d'autres avantages sociaux, de retraite... Chez Lucent, la patronne avait un salaire fixe de 1,2 million d'euros, une partie en variable et des stocks options. Elle a touché 1,9 million d'euros en 2006, mais 4,9 l'année précédente. En dépit des recommandations de Proxinvest et de l'Adam, cette résolution a été entérinée à plus de 89% par les actionnaires, comme l'ensemble des résolutions d'ailleurs.

Pourtant, Proxinvest n'avait pas ménagé sa peine pour dénoncer dans Les Echos les indemnités de l'ancien PDG Serge Tchuruk, toujours président non exécutif du groupe. En 2006, il a touché 5,7 millions d'euros. Serge Tchuruk a justifié dans Le Figaro ces émoluments. Pour le dirigeant, ces indemnités se justifiaient par le fait qu'en 1995 il quittait une entreprise désormais redressée - Total - pour un groupe en pleine crise. "La prime que j'ai perçue en novembre 2006 est la stricte application de mon contrat".

Et de donner son avis sur les parachutes dorés et autres programme de stocks-options, au moment où le nouveau gouvernement veut partir en guerre contre ces compensations financières. "Il est difficile que l'Etat interfère dans le domaine privé en fixant lui-même des normes. (...) Il se trouve que l'AG de ce jour doit se prononcer sur les indemnités de Patricia Russo. Ce sont des indemnités qui étaient prévues dans le contrat qu'elle avait passé avec Lucent".

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