Emplois fictifs du RPR : Chirac conteste l'existence d'un système organisé de financement

L'ancien président était entendu jeudi par le juge Philibeaux. Il a publié ce même jour une tribune dans Le Monde dans laquelle il trouve "très normal" de répondre aux questions du juge.

La défense de Jacques Chirac, entendu hier jeudi 19 juillet par un juge dans le cadre de l'enquête sur les emplois fictifs du RPR, tiendrait en deux points. "Je tiens à dire en premier lieu que je conteste le terme de système organisé", a déclaré au juge l'ancien président de la République, selon des informations du Parisien et de l'AFP. D'autre part, Jacques Chirac aurait expliqué au magistrat qu'il assumait en tant que chef du RPR les impulsions et les lignes directrices de son parti mais qu'il ne suivait pas à l'époque son fonctionnement quotidien, dont relevaient les salaires des permanents du RPR, selon l'AFP.

Jacques Chirac a été entendu jeudi entre 9 h 15 et 13 h 30, par le juge de Nanterre, Alain Philibeaux, comme "témoin assisté", statut intermédiaire entre témoin simple et mis en examen, qui permet à la personne d'être accompagné par son avocat. L'ancien chef de l'Etat a été auditionné dans ses bureaux de la rue de Lille, dans le 7ème arrondissement de Paris.

L'audition "s'est passée dans la sérénité, la courtoisie", a déclaré son avocat Me Jean Veil, conseil du président dans ce dossier, à l'issu de l'audition. Il a ajouté que "l'ancien chef de l'Etat s'est exprimé très complètement, très sereinement". "Je crois que les explications que l'ancien président de la république a fournies au juge ont été tout à fait complètes, transparentes, explicitent son rôle, sa connaissance des faits et devraient satisfaire les juges en charge du dossier", a expliqué l'avocat qui, interrogé sur la possibilité d'un nouvel interrogatoire, a remarqué : "je n'imagine pas qu'il puisse y en avoir d'autre, mais le juge est maître de son dossier." Il n'a pas répondu à la question d'une possible mise en examen de Jacques Chirac.

Cette audition prend place dans l'enquête sur la rémunération frauduleuse de cadres du RPR par des entreprises du BTP en 1995. Jacques Chirac a été maire de Paris et président du RPR entre 1976 et 1994. La justice dispose notamment d'une note signé par lui dans laquelle il demande une augmentation de salaire pour une employée de la Ville de Paris alors que celle-ci n'avait jamais travaillé pour la capitale. Dans cette même affaire, Alain Juppé, ancien Premier ministre et ancien ministre du développement durable du gouvernement Fillon, avait été condamné en appel à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité.

Jacques Chirac a, de plus, publié une tribune dans Le Monde le jour même de son audition. Selon son avocat, elle présente une partie des explications fournies au juge. Dans ce texte, l'ancien président de la République estime "très normal et conforme à la conception qui a toujours été (la sienne) des principes républicains" de répondre aux "questions" du juge dans cette affaire. "Je suis prêt à témoigner et à répondre, témoigner devant l'opinion, répondre devant les juges. Dans les deux cas, je le ferai en conscience", ajoute Jacques Chirac.

Dans ce texte, il rappelle qu'en sa "qualité de président du Rassemblement pour la République, j'ai souhaité, dès 1984, la création de la société de développement et de publicité dont l'objet était de garantir la transparence du financement du mouvement. Et, j'ai voulu, d'une manière générale, que soient abandonnés les usages anciens. C'est ce que je compte aussi expliquer aux juges".

Jacques Chirac rappelle le contexte politique du financement des campagnes électorales depuis la première élection du président de la république au suffrage universel, en 1965, et l'absence de tout encadrement législatif. Il souligne "l'explosion des dépenses de communication et de publicité liée au développement des médias. S'ils voulaient continuer à être entendus et à jouer leur rôle dans le débat démocratique, tous les partis étaient obligés de suivre". Il rappelle le rôle des juges mettant "au jour des pratiques occultes auxquelles nul ne s'était vraiment intéressé avant eux". Il souligne que, "à gauche comme à droite", ces dossiers n'ont que très exceptionnellement porté sur des cas d'enrichissement personnel. Tous les pays démocratiques ont été confronté à cette réalité, souligne Jacques Chirac. Tous alors ont fait voter des lois encadrant le financement des partis.

"En France, où nous sommes aujourd'hui à la pointe de la rigueur et de la modernité, il ne nous a fallu pas moins de trois lois entre 1988 et 1995: deux proposées par la droite et une par la gauche", écrit-il, soulignant qu'il a fallu "sept ans de tâtonnements" entre la première loi de 1988 et la troisième de 1995 pour "parvenir au bon régime juridique" sur le financement de la vie politique. Jacques Chirac était Premier ministre en 1988. "C'est à cette période antérieure à la loi de janvier 1995, marquée par l'explosion des besoins et l'inadaptation de règles parcellaires, que remontent ce que l'on a appelé les affaires de financement des partis politiques", indique-t-il.

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