Chavez veut accélérer la révolution socialiste au Venezuela

Le président réélu veut poursuivre la nationalisation des secteurs de l'énergie et des télécommunications. Et s'attaque à l'indépendance de la banque centrale.

La barre à gauche toute, à Caracas! Le président Hugo Chavez, réélu confortablement le mois dernier, a invité lundi le parlement à lui confier des pouvoirs spéciaux, lors d'un discours dans lequel il a promis des nationalisations à grande échelle. Le chef de l'Etat veut ainsi accélérer ce qu'il qualifie de révolution socialiste.

Chavez a ainsi annoncé qu'il soumettrait prochainement au parlement "une loi d'habilitation révolutionnaire" qui lui permettra de gouverner par décret afin d'accélérer la mise en oeuvre des réformes économiques. "Nous y mettons la dernière main pour pouvoir la transmettre à l'Assemblée nationale dans les jours qui viennent et pour solliciter des pouvoirs spéciaux", a-t-il déclaré à l'occasion de l'investiture de plusieurs ministres.

Le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1999, a par ailleurs souhaité le passage dans le secteur public de la société de télécommunications CANTV et de compagnies d'énergie qu'il n'a pas nommées. Le Venezuela est le quatrième fournisseur de pétrole des Etats-Unis. Quatre projets visant à moderniser les raffineries du bassin de l'Orénoque, dans l'est du pays, pour pouvoir faire du carburant à partir du brut lourd qui y est extrait, doivent devenir propriété de l'Etat, a-t-il poursuivi.

Des responsables de l'énergie, apparemment pris de court par les déclarations de Chavez, se sont empressés de dire que cette annonce s'inscrivait en droite ligne des objectifs politiques précédemment annoncés. "Tout le monde sait que nous examinons la possibilité de récupérer la participation majoritaire que les sociétés multinationales détiennent actuellement dans chacun des projets", a dit Luis Vierma, vice-président de la compagnie pétrolière publique PDVSA. "C'est ainsi que je comprends ce qu'a dit le président".

Un responsable de PDVSA a également estimé que Chavez faisait référence à une décision annoncée l'an passé et suivant laquelle PDVSA deviendrait l'actionnaire de contrôle de chacune des coentreprises concernées. Ces dernières, constituées entre PDVSA et Exxon, Chevron, Conoco, Total, BP et Statoil, extraient autour de 600.000 barils par jour de brut lourd Orinoco. La compagnie pétrolière publique détient actuellement 40% en moyenne dans ces coentreprises.

BP et Statoil ont dit qu'elles ne pouvaient faire de commentaires, tandis qu'un porte-parole de Total a déclaré que le Venezuela n'avait pas informé le groupe des détails du discours de Chavez. Plusieurs responsables de PDVSA et du ministère de l'Energie se sont également refusés à tout commentaire.

Hugo Chavez a en outre estimé que la banque centrale ne pouvait rester indépendante. "C'est une idée néo-libérale", a insisté le président, qui s'est heurté à plusieurs reprises à la direction de l'institution. Celle-ci lui reproche notamment de piocher dans ses coffres pour financer ses réformes sociales. Le chef de l'Etat insiste en outre pour qu'elle prenne en compte les prix pratiqués par les magasins subventionnés dans le calcul d'une inflation qui atteint 17%. Après un remaniement ministériel, la semaine dernière, le ministre des Finances, Nelson Merentes, est entré au conseil des gouverneurs de la banque centrale, où il représente désormais le gouvernement.

Chavez s'efforce de rassembler les divers partis qui forment le gouvernement au sein d'un grand parti présidentiel, que certains imaginent déjà en parti unique. Le président, qui dément leurs accusations, assurant que l'opposition sera toujours tolérée, a toutefois fait de la fidélité à son mouvement une condition pour servir dans les rangs de l'armée ou travailler pour la compagnie pétrolière publique PDVSA.

Sur la scène régionale, Hugo Chavez entend en outre constituer un axe fortement ancré à gauche et très anti-américain avec les présidents Ortega du Nicaragua et Correa d'Equateur, qui seront investis dans les prochains jours. Le président vénézuélien propose à ses amis une palette de projets pharaoniques: la Banque du sud, le Gazoduc du Sud, Petrosur et Petrocaribe, ou encore la chaîne de télévision régionale Telesur, et de prendre modèle sur ses programmes sociaux (alphabétisation, accès au logement, à la santé, ...).

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