La BCE laisse ses taux inchangés

Comme prévu, la Banque centrale européenne a décidé d'opter pour le statu quo monétaire en maintenant son principal taux directeur à 4%. Son président, Jean-Claude Trichet, souligne l'existence de "pressions à la hausse fortes à court terme sur l'inflation".

Contrairement à la Banque d'Angleterre (BoE), qui a baissé son taux directeur d'un quart de point à 5,50%, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé ce jeudi sans surprise d'observer le statu quo monétaire. Son principal taux directeur, le taux de refinancement, reste ainsi à 4%, un niveau auquel il culmine depuis le 6 juin dernier. Le taux de facilité de dépôt reste lui à 3% et le taux de prêt marginal à 5%.

La BCE était prise entre deux feux. D'une part, l'inflation repointe son nez, ayant atteint 3% en glissement annuel dans la zone euro, soit un point au-dessus de l'objectif que s'est fixée la banque centrale (2%). D'autre part, la croissance européenne donne des signes d'essoufflement, à la suite de l'économie américaine, frappée par la crise du "subprime".

Au cours de l'habituelle conférence de presse qui suit l'annonce de la décision de la banque centrale, son président Jean-Claude Trichet a déclaré que les dernières informations ont "confirmé l'existence de pressions à la hausse fortes à court terme sur l'inflation, avec un taux d'inflation IPCH atteignant 3% en novembre. Cela a aussi totalement confirmé notre évaluation de risques haussiers pesant sur la stabilité des prix à moyen terme. La BCE est prête à contrer les risques haussiers pesant sur la stabilité des prix comme le requiert son mandat".

"Les fondamentaux économiques de la zone euro restent sains, a-t-il poursuivi. Cependant, la réévaluation des risques sur les marchés financiers continue d'évoluer et s'accompagne d'une poursuite de l'incertitude concernant l'impact potentiel sur l'économie réelle. Nous suivrons de ce fait très étroitement toutes les évolutions, pour agir avec fermeté au moment opportun. La période de taux d'inflation temporairement plus élevés devrait être quelque peu plus longue que précédemment prévu", a-t-il ajouté, tout en précisant qu'il existait un consensus au sein de la BCE pour laisser les taux inchangés et que la banque centrale fera le "nécessaire pour éviter les effets de second tour".

Ce jeudi, l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) a nettement abaissé sa prévision de croissance pour la zone euro en 2008. Elle table désormais sur une croissance de 1,9%, contre 2,3% dans ses précédentes prévisions de mai, soit un important ralentissement après 2,6% attendu cette année.

L'OCDE a donné par ailleurs une première prévision de croissance de 2% pour 2009. Pour 2007, elle a confirmé tabler désormais sur une croissance de seulement 2,6%, comme elle l'avait déjà indiqué en septembre, contre 2,7% prévus en mai. "La hausse des taux d'intérêt, l'appréciation de l'euro et le durcissement des conditions de crédit sont autant de facteurs qui freinent l'activité", souligne l'OCDE dans son rapport semestriel d'automne.

Dans La Tribune de ce jeudi, le Prix Nobel d'économie 1999, Robert Mundell, estime que "si la croissance doit chuter aussi dans la zone euro, la BCE devrait baisser ses taux". Il appelle en outre la BCE à agir plus activement sur la politique de change. Selon lui, la BCE "devrait placer un niveau plafond de l'euro face au dollar. Par exemple, étant actuellement environ à 1,47 dollar pour un euro, la BCE devrait dire que quoiqu'il advienne 1,5 dollar est son taux de change plafond et qu'elle est prête à ajouter des dollars à ses réserves (...) Certes, cela changerait le mode d'action de la BCE car elle continue à agir comme si le taux de change n'était pas important. Mais chacun sait que le taux de change est d'importance, notamment pour l'inflation."

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