Les salaires européens ne sont pas source d'inflation, selon Natixis

Réagissant aux propos de Jean-Claude Trichet du 8 mars dernier et à la volonté affichée par ce dernier de poursuivre le resserrement de la politique monétaire européenne, les économistes de Natixis combattent l'idée selon laquelle les salaires représenteraient un risque pour la stabilité des prix.

Visiblement la communication a du mal à passer entre Jean-Claude Trichet et certains économistes. Pour le président de la Banque centrale européenne (BCE), il existe un véritable risque d'enclenchement d'une boucle très peu vertueuse prix-salaires. Pas du tout, rétorquent les économistes de Natixis, qui exposent une position totalement en dehors du consensus.

Pour eux, les taux directeurs européens, relevés d'un quart de point à 3,75 % le 8 mars dernier, n'auraient aucune raison d'être augmentés à nouveau cette année. "Ralentissement prévisible de l'activité et absence de tensions inflationnistes par les salaires devraient finalement dissuader la BCE d'augmenter une nouvelle fois les taux directeurs en juin prochain, comme elle en a pris l'option lors du dernier conseil de politique monétaire", expliquent-ils.

La raison ? En pleine période de négociations salariales en Allemagne, les experts de Natixis estiment que "les salaires ne sont pas source d'inflation". D'abord, le taux d'utilisation des capacités est certes supérieur à sa moyenne de long terme depuis un an. Mais un ralentissement de la croissance s'annonçant, le risque de surchauffe de l'économie, donc de pressions inflationnistes sous-jacentes est, selon eux, négligeable.

La consommation des ménages serait en particulier menacée. "Dès le premier trimestre, le choc de la TVA
allemande aura affecté la consommation des ménages". Et de la même façon que l'économie allemande a été source de forte accélération en 2006, elle serait ainsi responsable d'une décélération marquée cette année.

Ils démontent un deuxième raisonnement. Sur le marché du travail, le taux de chômage est inférieur à son niveau d'équilibre (NAIRU) depuis treize mois. En théorie, les salaires peuvent donc générer de l'inflation sous-jacente. Reste qu'en observant l'écart de la productivité aux salaires, les économistes de Natixis constatent que les salaires n'exercent nulle part de pression inflationniste.

De fait, depuis mi-2003, la progression des salaires réels par tête se maintient un point en dessous de la productivité. C'est d'autant plus vrai pour les branches directement exposées à la concurrence internationale. "L'écart de la productivité par rapport aux salaires y est plus élevé que pour l'ensemble de l'économie", constatent-ils. Quant aux services financiers et aux entreprises, les marges de manoeuvre sont certes plus étroites. "Mais la situation n'est en rien comparable à celle de 1997-2001 où les salaires étaient véritablement source d'inflation".

Pour eux, les salaires négociés dans la chimie allemande la semaine dernière devraient rassurer le président de la BCE. L'accord correspond en effet à une hausse annuelle des salaires réels annuelle de 2% à 2,5%, identique à celle de l'année dernière, et toujours inférieure à la productivité moyenne de la branche (6%).

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