L'or a la cote. Le métal jaune devrait continuer sa hausse grâce à la défiance que suscite le billet vert, en recul de 5% l'an dernier face aux six autres principales devises mondiales. Il faut dire que l'or constitue une excellente alternative au dollar pour diversifier les réserves de change des pays qui veulent réduire leur dépendance envers les Etats-Unis. A commencer par les pays producteurs de pétrole.

Membres de l'Opep, les Emirats Arabes Unis, l'Iran, le Venezuela et l'Indonésie ont tour à tour fait part ces derniers mois de leur intention de réduire leurs réserves de dollars. Au total, les avoirs en dollars détenus par l'Opep ont reculé à 65% de leurs réserves totales, un plus bas en deux ans au deuxième trimestre de l'an dernier. La banque centrale russe a elle aussi augmenté ses réserves d'or de 2,2% à 394,1 tonnes au troisième trimestre 2006. Le Kazakhstan, deuxième ancienne république soviétique productrice de pétrole, a également récemment déclaré avoir accru ses réserves d'or de 48,3 millions de dollars à 1,37 milliard de dollars.

Le ralentissement de l'économie américaine et la baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) qui devrait s'ensuivre participeront aussi au déclin du dollar dans les prochains mois. Selon les anticipations des marchés, la Fed devrait abaisser son taux directeur à 4,75% d'ici la fin de l'année contre 5,25% actuellement, taux en vigueur depuis août dernier. Au vu des anticipations de hausse du loyer de l'argent de ce côté-ci de l'Atlantique, jusqu'à 4% avant septembre prochain, l'euro devrait être l'un des autres grands bénéficiaires du déclin du dollar dans les prochains mois. D'ailleurs la Banque centrale des Emirats Arabes Unis s'est fixée pour objectif de relever à 10% contre 2% ses avoirs libellés en euro avant le mois de septembre prochain.

Autant de raisons qui expliquent l'envolée de l'or de 3,3% la semaine dernière à 626,90 dollars l'once à New York. 22 des 31 investisseurs suivis par l'agence Bloomberg recommandent d'acheter le précieux métal. "De plus en plus d'investisseurs délaissent le dollar, y compris moi", indique Jim Rogers, chez Beeland Interests, interrogé par l'agence Bloomberg à Oslo. C'est un changement historique.