Un briefing "off"

Où il est question d'une rencontre dont il ne peut rien filtrer...

Vendredi 26 octobre. Un voyage officiel commence souvent plusieurs jours avant sa date effective. Dans le cas présent, c'est par une rencontre avec l'ambassadeur des Etats-Unis en France qu'a débuté, du moins pour les journalistes français, la couverture de la visite de Nicolas Sarkozy à Washington qui doit se dérouler du mardi 6 au mercredi 7 novembre et au cours de laquelle, le président français doit, outre une rencontre avec George W. Bush, notamment célébrer les "retrouvailles franco-américaines" en prononçant un discours devant le Congrès réuni en "joint session", c'est-à-dire avec le Sénat et la Chambre des représentants au grand complet.

De cette rencontre avec l'ambassadeur, je ne vous dirai rien, mais absolument rien car ce fut un "point off", c'est-à-dire une série de questions et de commentaires que les journalistes présents ont eu pour interdiction express de reproduire, de mentionner ou d'expliciter.

Impossible donc, pour vous, de savoir ce que nous a dit son Excellence Craig Stapleton à propos des relations franco-américaines et de ce qui était attendu, côté américain, de la visite du président français. Cela n'a rien d'exceptionnel. La pratique du "off" est très courante et les journalistes eux-mêmes ne s'y opposent pas car ils ont besoin d'être briefés pour ne pas écrire par la suite des bêtises. A charge pour eux de trouver le moyen de restituer, tout ou partie, de ce qu'on leur aura dit et cela sans citer l'intéressé (dans le cas présent l'ambassadeur). Le plus souvent, il s'agit de trouver une bonne âme qui accepterait de redire les mêmes choses mais en "on". La pratique du "off" a toutefois un inconvénient majeur: elle renforce l'idée, pour le lecteur, que le journaliste en garde toujours sous le stylo et qu'il ne restitue pas tout ce qu'il sait. Ce n'est pas tout à fait faux mais c'est aussi inévitable.

Bref. Carnet de notes noirci, j'ai donc quitté, en compagnie de quelques autres représentants de la presse hexagonale, la salle de réunion où nous avions pris place durant une bonne demi-heure, s'amusant d'entendre les retardataires poser les mêmes questions que celles auxquelles nous avions déjà pensé. C'est là, dans l'ascenseur et les couloirs de l'ambassade, que j'ai noté la présence de nombreuses décorations d'Halloween. Masques de fantômes, squelettes, sorcières et citrouilles étaient disposés ça et là, ce qui allégeait un peu le caractère solennel des lieux. En passant devant les photographies officielles de George W. Bush, Dick Cheney et Condoleeza Rice, j'ai pensé à chuchoter à l'oreille d'un confrère que ces portraits allaient bien avec le reste des décorations mais j'ai renoncé. Il faut parfois savoir bien se tenir...

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