Le Parti socialiste ne se fait aucune illusion sur la large victoire programmée de la droite au second tour des législatives. Mais il tient à limiter la casse en incitant son électorat à se mobiliser fortement dimanche prochain. Au lendemain d'un scrutin très décevant pour la gauche, qui voit se profiler l'arrivée d'un raz-de-marée UMP dans la prochaine Assemblée, François Hollande a lancé un vibrant appel à la mobilisation.

La forte abstention - près de 40% - qui a marqué le premier tour des législatives est à un niveau "historiquement élevé, un record sous la Vème République", déplore le leader du PS, convaincu que le taux de participation a été encore plus faible dans les troupes socialistes que dans celles de l'UMP. Les jeunes, notamment, et les catégories populaires, déçus par le résultat de la présidentielle, auraient, selon lui, boudé les urnes.

"Au nom du PS, je lance un appel aux abstentionnistes pour qu'ils viennent voter au second tour", a-t-il déclaré lundi matin, au siège du parti. Dépassant les seuls électeurs socialistes, l'appel s'adresse aussi à toute la gauche, y compris l'électorat des Verts et du parti communiste. Et plus largement encore, "à tous les démocrates pour qu'ils favorisent le pluralisme".

Le leader du PS chiffre à une cinquantaine le nombre des circonscriptions où la gauche pourrait encore l'emporter dimanche prochain si l'électorat se mobilise. Des circonscriptions qui se jouent "à quelques centaines de voix près".

Excluant tout accord formel avec le Modem de François Bayrou, François Hollande définit la règle électorale pour le deuxième tour: "là où nous sommes qualifiés pour le second tour, nous restons. Là où le PS n'est plus présent au deuxième tour, c'est-à-dire dans les circonscriptions où il n'a pas franchi la barre des 12,5% des inscrits, nous demandons à nos électeurs, en liberté, de favoriser le pluralisme". Une manière implicite d'appeler les électeurs de gauche à se reporter sur les candidats du Modem dans les circonscriptions où la gauche a été éliminée le 10 juin.

En dépit de la déception engendrée par les résultats dans les rangs socialistes, François Hollande tient à rappeler que dans ce contexte difficile, le Parti socialiste résiste. Il a recueilli dimanche dernier "plus de 28%, soit un score supérieur à celui de 2002", souligne-t-il. Le Premier secrétaire du PS met en garde les Français: si la droite arrive à l'Assemblée avec un score "écrasant", "elle écrasera les droits fondamentaux: droit du travail, avec le contrat de travail unique, heures supplémentaires pour faire disparaître la durée légale du travail, accès à la santé barré par l'instauration de franchises". Qualifiant la politique fiscale du gouvernement de "rude et injuste", François Hollande affirme qu' "il y aura bien une TVA supplémentaires". Deux ministres viennent de le confirmer. Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Economie, sur les plateaux de la télévision dimanche soir. Eric Woerth, le ministre du Budget et des Comptes publics, qui a affirmé lundi matin, sur i-Télé, que la réflexion sur la TVA sociale "sera ouverte, elle fait partie des engagements du président". .