Rome condamnée à l'instabilité politique

Les consultations pour un nouveau cabinet italien se poursuivent ce vendredi. Mais tout nouveau gouvernment sera de toute façon fragile et instable.

Ce vendredi comme ce jeudi, le président de la république italien, Giorgio Napolitano, poursuivra ses consultations avec les chefs des divers groupes parlementaires afin de déterminer si une majorité se (re)dessine après le vote négatif au Sénat contre le cabinet de Romano Prodi. Le chef de l'Etat italien pourrait dès vendredi soir charger le même Prodi de former un nouveau gouvernement ou rejeter sa démission et l'enjoindre de se soumettre à un vote de confiance au parlement.

Quoiqu'il advienne, la direction politique du pays est promise à rester instable et fragile. Un nouveau gouvernement Prodi serait affaibli, tous ayant désormais le sentiment que la mésaventure de mercredi (une mise en minorité au Sénat) pourrait survenir de nouveau à tout moment. Surtout car le rapport de forces au Sénat, à moins d'élections anticipées, ne changera pas. Or la gauche de Romano Prodi n'y dispose au mieux que d'une infime majorité d'un siège.

Le vote de mercredi sur la politique étrangère était justement destiné à démontrer que Romano Prodi dispose d'une "majorité autosuffisante" au Sénat... Et il est peu probable qu'il réussisse à convaincre quelque sénateur de droite de rejoindre le camp de gauche. Tout en étant issu de l'ancienne Démocratie-chrétienne (DC), Romano Prodi est somme toute celui qui a été porté au pouvoir après avoir gagné les primaires de la gauche italienne en 2005.

Une alternance solide à Prodi n'est toutefois pas plus vraisemblable, si l'actuelle loi électorale n'est pas modifiée.
Certes la droite de Silvio Berlusconi devrait avoir le meilleur dans les urnes sur la gauche : dans un sondage réalisé par Ipsos mercredi soir après la démission du gouvernement, 40 % des Italiens se disaient prêts à voter pour la droite en cas d'élections anticipées immédiates, 35 % pour la gauche, 20 % étant encore indécis. Mais 5 % entendent donner leur voix au parti centriste de l'UDC de Pier Ferdinando Casini, en rupture de ban avec Silvio Berlusconi.

Le drame du paysage politique italien est que ses deux anciens piliers, la DC et le Parti communiste italien (PCI), ont disparu corps et âmes au début des années 1990, le premier à la suite du scandale de Tangentopoli, le second après la chute du communisme à l'Est. Depuis les tentatives de reconstituer un grand parti à droite et à gauche ont échoué. Le Parti démocratique, devant réunir les Démocrates de gauche (ex-PCI) et La Marguerite (ex-DC de gauche), les deux principaux partis de la majorité de Prodi, est encore au stade de projet.

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