Le messager du monde

Le romancier allemand Marc Buhl dresse un portrait attachant de Mensen Ernst, un coureur à la rapidité et à l'endurance hors du commun qui a parcouru l'Europe du XIXe siècle dans tous les sens. "Courir le monde" est une fable humaniste aux accents d'épopée.

Qu'est-ce qui poussait Mensen Ernst à courir sans arrêt, toujours plus vite et toujours plus loin? Quelle force cachée lui a permis d'endurer avec succès les conditions extrêmes de ses exploits à travers toute l'Europe? Un besoin de dépassement de soi? Une quête d'absolue? C'est à toutes ces questions que tente de répondre Marc Buhl dans une belle biographie romancée qu'il consacre au fameux coureur de fond norvégien qui passionna les foules par ses exploits sportifs dans la première moitié du XIXe siècle.

"Plus il courait et moins le monde le faisait souffrir", explique l'auteur. Car pour cet homme hors du commun, l'immobilité implique la souffrance. Souffrance d'un orphelin sur les bancs de l'école de son village natal en Norvège; souffrance d'un étudiant dans la très rigoureuse école de marine de Copenhague; souffrance encore d'un homme quand il envisage de fonder un foyer.

Mensen est un homme du grand air, fait pour parcourir le vaste monde, un hyperactif dans une société sédentaire... Très jeune il sillonne le monde comme marin avant de devenir messager à pied en Angleterre (il a la réputation d'être plus rapide que les chevaux !), puis de participer à des courses spectacle, dont la fameuse Paris-Moscou que le coureur effectue en 14 jours...

Mensen Ernst va mettre ensuite son talent au service de la cause révolutionnaire et du vent démocratique qui souffle sur l'Europe des années 1830-1840. Il va sillonner le continent pour distribuer des tracts. Jusqu'à tomber aux mains de la police des Habsbourg et être emprisonné de longues années dans une cellule minuscule d'une forteresse lugubre dans laquelle il court sur place pour survivre...

Mensen recouvre la liberté et décide alors de réaliser enfin son rêve d'enfant: retrouver les traces de son père, disparu en Egypte alors qu'il tentait de découvrir les sources du Nil. Dans cette ultime course, le Norvégien va enfin accomplir son destin...


"Courir le monde", de Marc Buhl. Traduit de l'allemand par Isabelle Liber. Editions Phébus, 220 pages, 18,50 euros.

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