Helen Levitt s'invite à la Fondation Henri Cartier-Bresson

La photographe humaniste américaine Helen Levitt a su saisir l'essence même de l'enfance à travers des clichés complices, d'une rare spontanéité. Une très jolie exposition lui rend hommage à la Fondation Henri Cartier-Bresson.

Elle n'a jamais voulu appartenir à une quelconque école de la photo. Tout comme elle a souvent refusé de collaborer aux plus grands magazines américains de l'après-guerre. Résultat, à l'heure où le monde s'enflamme pour la photographie humaniste, l'Américaine Helen Levitt reste encore peu connue du grand public.

C'était sans compter la Fondation Henri Cartier-Bresson. Cette dernière rend aujourd'hui hommage à la photographe à travers une jolie exposition rassemblant des tirages d'époque en noir et blanc des années 1940 réalisés dans les quartiers pauvres de Manhattan, ainsi qu'une série de photographies en couleur saisies aux mêmes endroits, 40 ans plus tard. L'occasion de découvrir une oeuvre majeure tant Helen Levitt a su capter la spontanéité et la fraîcheur de l'enfance.

Tout commence à New York en 1935, avec la première exposition des images d'Henri Cartier-Bresson, Manuel Alvarez-Bravo et Walker Evans à la galerie Julien Levy. Pour Helen Levitt, alors âgée de 22 ans, c'est une révélation. Car les tirages de ces trois-là tranchent avec ceux, apprêtés, de leurs contemporains. Ils apportent surtout la preuve que la beauté se niche dans la réalité, sans qu'il soit besoin de l'enjoliver. Il suffit juste de la cueillir, ce que va s'empresser de faire la jeune photographe.

Direction les quartiers déshérités de Manhattan. Le monde s'y est donné rendez-vous. Il y a là de nouveaux immigrants d'Europe de l'Est, des Portoricains, des Afro-américains aussi. Tous vivent dans la rue pour échapper à la misère de leur habitation. De vieux messieurs semblables aux papys du Muppet Show conversent dans un coin, tandis que les matrones font la loi, surveillant d'un regard perçant les passants. Les enfants, eux, jouent à cache-cache dans les immeubles délabrés et se dessinent une vie rêvée à la craie, sur les murs. Helen Levitt, complice de leurs jeux, ne les met jamais en scène, mais attend le moment où ils s'échappent de l'univers des adultes pour entrer dans leur propre monde. La rue devient alors une fascinante scène de théâtre.

"Helen Levitt" jusqu'au 23 décembre. Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris 14ème. Tél: 01 56 80 27 00. Ouvert du mardi au dimanche de 13h à 18h30 et le samedi de 11h à 18h45. Nocturne le mercredi jusqu'à 20h30.

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