L'actualité du réchauffement climatique ne soutient pas les cours du CO2

Le GIEC met la question du Co2 à l'honneur cette semaine. Mais les progrès enregistrés par les environnementalistes ne fait pas frémir le marché du CO2.

Alors que la conférence internationale sur le climat - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, GIEC - s'est ouverte ce matin à Paris, la question de la réduction des émissions de CO2 semble plus que jamais d'actualité. En effet, le GIEC apporte des preuves supplémentaires sur l'impact de l'activité humaine sur le climat: les experts pourraient annoncer une augmentation de température comprise entre 2 et 4,5 degrés, et un doublement des concentrations de CO2 dans l'atmosphère en deux siècles et demi, d'ici à 2100 (550 parties par million).

Les gaz à effet de serre, au premier rang desquels le dioxyde de carbone, sont donc plus que jamais dans le collimateur des politiques. Voilà qui devrait a priori soutenir le marché du CO2, qui permet d'acheter et de vendre des crédits d'émissions. Alors que la menace du réchauffement climatique se concrétise, la nécessité, pour les entreprises, de réduire leurs émissions va se faire plus forte. Et surtout, le marché européen du CO2 devrait faire des émules: les arguments du GIEC viennent soutenir les quelques Etats et entreprises américaines, membres de l'USCAP (US Climate Partnership) qui militent en faveur de la création d'un marché du CO2 imposé outre-Atlantique.

Une telle hypothèse ne pourrait que favoriser la tonne de CO2. Les acteurs européens se trouveront en effet alors en compétition avec les Américains pour rapatrier les crédits d'émission en provenance des pays en voie de développement, qui fourniront une part importante des besoins durant la seconde phase du protocole de Kyoto, entre 2008 et 2012. La demande globale de crédits de CO2 ne peut donc qu'être tirée vers le haut.

Pourtant, la tonne de CO2 a touché un nouveau plus bas ce matin sur Powernet, à 2,25 euros! Le marché de gré à gré, qui n'est pas le marché le plus important sur le CO2 aujourd'hui, puisque l'essentiel des transactions se font à terme, semble lentement se diriger vers un prix proche de 0. Ce qui s'explique par les allocations trop généreuses de quotas effectuées durant la première phase d'application du protocole de Kyoto en Europe: 2005-2008. "Les industriels tentent aujourd'hui de se débarrasser de leur surplus, qui devient jour après jour de plus en plus tangible" explique un expert. De plus, les conditions climatiques n'ont pas joué en faveur de la tonne de CO2 cet hiver: l'alliance des 5 W (windy, wet, warm winter weather) a tendance à peser sur le prix du pétrole et du gaz, et le CO2 suit nécessairement la même voie.

Pour la seconde période, qui débutera en 2008, la tendance est aussi à la baisse, la tonne de CO2 cotant autour de 15 euros, même si le mouvement semble plus paradoxal. La pénurie sera en effet réellement organisée sur la seconde période; les industriels devront donc inévitablement avoir recours au marché pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais l'attentisme prévaut sur le marché pour l'instant. "La plupart des acteurs ne savent pas quelles seront les allocations de seconde phase; ils attendent donc avant d'en acheter" explique Emmanuel Fages de la Société Générale.

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