Images pieuses

Les icônes sont de plus en plus recherchées. Un peu par les nombreux - amateurs de peintures religieuses, beaucoup par de nouveaux collectionneurs russes à la recherche de trésors passés. Les prix s'élèvent, les faux débarquent.

Le mot icône vient du grec "image". C'est une représentation religieuse, généralement réalisée par des moines selon des critères liturgiques précis, très souvent peinte sur bois: aulne ou cyprès pour les orthodoxes grecs, tilleul ou hêtre pour les serbes, bouleau ou pin pour les russes. Les cadres sont parfois richement décorés, voire en métal précieux.

Sur les premières icônes ne figuraient que quelques personnages saints. Le calendrier religieux ou les fêtes traditionnelles sont apparus à partir du XVIIème siècle. Dès cette époque, certaines écoles de peintures religieuses ont marqué les icônes: celle de Chypre subit les influences occidentales, celle de Moscou privilégie la couleur, celle de Novogrod l'abstraction du décor.

Longtemps, le marché des icônes était réservé aux amateurs, assez nombreux, de représentations religieuses. Depuis l'ouverture aux pays de l'Est, il s'est emballé et les prix, jusque là assez stables, ne cessent de grimper. C'est pourquoi, les pièces les plus importantes, devenues rares, dépassent désormais les 25.000 euros. SAVOIR. Internet a bouleversé le marché des icônes avec une offre abondante rarement détaillée et souvent trompeuse. Il faut donc être vigilant. Ainsi, il existe peu d'icônes anciennes originales d'avant le XVIIIème siècle, celles-ci étant soit dans les églises, soit dans les musées, soit chez quelques collectionneurs ou galeristes. Plus fréquentes sont les icônes des XIX et XXème siècles, fréquemment restaurées car la fumée des cierges les a parfois fortement endommagé. Les spécialistes ne s'intéressent alors qu'aux pièces faisant l'objet d'interventions minimalistes de manière à préserver leur état initial, laissant parfois apparaître le "levkas", l'enduit de base, "l'olifa" ou vernis de protection ayant été brûlé par la chaleur des bougies ou abîmé par la ferveur des fidèles.

Parmi les icônes contemporaines, il faut distinguer celles exécutées selon les règles traditionnelles dans un atelier ecclésiastique qui ont une réelle valeur artistique et les productions à la chaîne, banales, même avec un certificat d'expertise.

Reste la grande majorité des icônes vendues, notamment via Internet: annoncées comme anciennes, elles sont souvent (re)peintes sur un bois ancien avec plus ou moins d'habilité. Ces repeints sont parfois difficiles à détecter et occasionnellement, le bois, fendu, a été astucieusement rebouché. Ces icônes perdent 50% de leur valeur et sont très difficiles à revendre.

ACHETER. Les prix pour les icônes de qualité s'envolent, tant en galeries qu'en salles des ventes. Dans ces dernières, elles sont le plus souvent présentées dans des vacations dédiées à l'art russe en général, entre vaisselle impériale et orfèvrerie d'apparat, là où les enchérisseurs russes - et leurs innombrables intermédiaires - sont présents. On peut trouver une icône d'après 1850 de petite taille (20x15 cm ou moins) pour 3.500 euros, les grands formats (40x30 et plus) à partir de 5.000 euros, davantage si la peinture a un cadre d'origine. Les oeuvres plus anciennes démarrent à 10.000 euros, quelques rares icônes très anciennes trouvant facilement preneur à 100.000 euros. Les icônes contemporaines de qualité s'achètent autour de 1.500 euros, mais il faut rester très vigilant. En cas de doute, ne pas hésiter à consulter un expert.

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