La polémique bat son plein sur les indemnités de départ de Forgeard d'EADS - Airbus

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, de nombreux candidats continuent à s'exprimer sur le dossier EADS-Airbus après la mise en cause de Thierry Breton. Selon plusieurs sources, le ministre de l'économie et des finances serait intervenu auprès du conseil d'administration pour permettre à l'ex-président Noël Forgeard de toucher ses indemnités de départ. Thierry Breton dément formellement.

Les indemnités de départ versées à Noël Forgeard, co-président démissionnaire d'EADS, la maison-mère d'Airbus, continuent à alimenter la polémique après les révélations effectuées par Challenges. Selon l'hebdomadaire, Thierry Breton serait intervenu en personne auprès du conseil d'administration du groupe européen d'aéronautique et de défense pour que l'ancien président d'Airbus et co-président exécutif d'EADS, la maison-mère de l'avionneur, puisse bénéficier de son golden parachute malgré les réticences de certains membres. De source proche de l'entreprise, on confirme à la Tribune cette information.

Elle a pourtant été aussitôt démentie par Bercy. "Les conditions de départ de M. Forgeard de ses fonctions de dirigeant d'EADS ont été arrêtées par l'entreprise sans que l'Etat y soit associé sous aucune forme", a déclaré un porte-parole du ministère de l'économie et des finances. Puis, le ministère s'est fendu, mercredi soir, d'un communiqué de démenti en bonne et due forme (voir document ci-contre).

Thierry Breton a réitéré ses dénégations ce jeudi, martelant : "je n'ai parlé de la question du montant d'une quelconque indemnité de Noël Forgeard avec aucun des administrateurs d'EADS, ne fût-ce qu'une seule seconde, et je mets au défi n'importe lequel des administrateurs de vous dire le contraire", jugeant "tout simplement scandaleux" qu'on puisse l'accuser d'une telle action.

"Ces indemnités étaient prévues dans son contrat de longue date. L'entreprise n'a pas d'autre choix que de respecter ce contrat, même si cela paraît choquant. Si elle ne le faisait pas elle serait poursuivie et devrait les verser", a ainsi déclaré Arnaud Lagardère, co-président du conseil d'administration d'EADS, dans une entrevue à l'hebdomadaire le Point... où il souligne tout de même le rôle actif de l'Etat français dans la gestion du dossier EADS - Airbus.

François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste (PS), a quant à lui réclamé mercredi la démission de Thierry Breton si ces informations s'avéraient exactes. "S'il est en effet confirmé que, comme nous le pensons, il y a bien eu accord du gouvernement et notamment de M. Breton, c'est une responsabilité très grave qui aurait été prise par le gouvernement UMP", a-t-il déclaré.

La candidate PS Ségolène Royal a, elle, appelé Noël Forgeard à "rembourser". Alors qu'elle tient une meeting jeudi soir à Toulouse où se trouve le siège d'Airbus, elle a précisé qu'elle "rencontrerait les représentants des salariés" et a promis de "réglementer les choses" et d'instaurer "la transparence des rémunérations" des hauts dirigeants si elle est élue.

Ce jeudi, c'est le candidat UDF à la présidentielle, François Bayrou, qui estime que Thierry Breton devra "sans aucun doute" démissionner si son intervention est avérée. "Ce ne peut pas être le rôle du ministre de l'Economie que de s'immiscer ainsi dans des tractations à l'intérieur d'une entreprise entre responsables puissants et de faire le monsieur bons offices d'un certain nombre d'intérêts privés", a-t-il souligné.

Quant à Nicolas Sarkozy, le candidat UMP, il dit "ne pas connaître cette affaire" mais juge "choquant" le fait "que Noël Forgeard soit parti avec 6 millions d'indemnités". Il a réaffirmé ne pas accepter "le principe des golden parachutes". C'est selon lui "la certitude qu'on aura pas de risque en cas d'échec. C'est donc contraire aux valeurs que je défends".

Même Gérard Schivardi, candidat à la présidentielle soutenu par le Parti des Travailleurs (PT), y va de son commentaire, estimant ce jeudi à Strasbourg que Thierry Breton "aurait dû démissionner".

Arrivé en 2005 à la co-présidence exécutive du groupe, Noël Forgeard a quitté son poste en juillet dernier après l'annonce de nouveaux retards de livraison de l'A380, le gros-porteur d'Airbus. Ses indemnités de départs sont estimées à plus de 8 millions d'euros.

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