Un dictateur haut en couleurs

Kevin Macdonald signe une biographie exceptionnelle d'Idi Amin Dada, le dictateur bouffon de l'Ouganda, brillamment interprété par Forest Whitaker.

Il s'était autoproclamé "Dernier roi d'Ecosse", "Conquérant de l'Empire britannique", "Seigneur de toutes les Bêtes de la Terre et des Poissons de la mer"... Président charismatique de l'Ouganda lorsqu'il prend le pouvoir, dictateur sanguinaire par la suite, Idi Amin Dada (1925-2003) fait l'objet d'une extraordinaire biopic signée Kevin Macdonald (oscar du meilleur documentaire en 2000 pour "Un jour en septembre"). Un portrait sans concession, passionnant, mené tambour battant.

Le film commence en 1971, lorsque le jeune écossais Nicholas Garrigan (James McAvoy) embrasse la médecine humanitaire pour échapper à un avenir tracé d'avance par ses parents et débarque en Ouganda. Sa route croise celle d'Idi Amin Dada (Forest Whitaker), président du pays depuis un récent coup d'Etat. Impressionné par le sang froid du jeune docteur, ce dernier lui propose de devenir son médecin personnel avant d'en faire son plus proche conseiller. D'abord séduit par son nouveau train de vie, Garrigan est très vite mêlé aux affaires les plus sordides du pays.

S'inspirant du roman éponyme de Giles Foden, Macdonald mêle avec une rare habileté réalité et fiction. Restituant remarquablement le contexte de l'époque, décomplexé de toute culpabilité coloniale, refusant les clichés, il montre à merveille la manière dont le pouvoir transforme les hommes. Qu'il s'agisse du dictateur, soucieux à ses débuts d'offrir une vie meilleure à ses concitoyens, ou de Garrigan, blanc-bec prêt à toutes les compromissions pour profiter d'une qualité de vie exceptionnelle.

Ce faisant, le réalisateur n'épargne personne. Ni ce psychopathe de Dada, ni son entourage. Encore moins les Britanniques prêts à faire et à défaire les chefs d'Etat afin d'éviter -en ces temps de guerre froide- qu'un pays ne tombe sous la coupe de l'URSS.

Mais "Le dernier roi d'Ecosse" ne serait rien sans Forest Whitaker. Le comédien électrise le film dès sa première apparition, se glissant dans la peau d'Amin Dada avec une aisance confondante pour composer un personnage drôle, chaleureux, et néanmoins abject, en proie à une paranoïa délirante. Terriblement humain en somme.

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