Londres doit consulter à nouveau sur le nucléaire

Un tribunal britannique ordonne au gouvernement de Tony Blair de procéder à une nouvelle consultation publique sur l'énergie nucléaire. Greenpeace applaudit.

Tout est à refaire pour Tony Blair. Jeudi, un tribunal britannique a ordonné au gouvernement travailliste de procéder à une nouvelle consultation publique sur l'énergie nucléaire, estimant que celle qui a été réalisée au printemps 2006 était "sérieusement biaisée, trompeuse et incorrecte au niveau des procédures". Le tribunal a ainsi donné raison à l'association écologiste Greenpeace, qui avait porté plainte contre la décision du gouvernement de relancer le programme de construction de nouvelles centrales en l'absence au préalable d'un "vrai débat".

Les écologistes déploraient notamment que des questions essentielles comme le traitement des déchets radioactifs et le coût financier des nouvelles centrales aient été écartées du débat. Le gouvernement avait lancé la consultation en janvier 2006 dans le cadre de la révision de la politique énergétique nationale. En juillet, après avoir obtenu plus de 5.000 réponses d'associations et de particuliers, il avait conclu que "le nucléaire pouvait jouer un rôle important" dans la réalisation des objectifs de sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement climatique.

Mais Greenpeace a soutenu, avec succès, que le même gouvernement travailliste avait défini le nucléaire "non attractif" dans son livre blanc sur l'énergie en 2003, privilégiant les énergies renouvelables, telles que l'éolien. Il avait aussi promis de lancer un "débat en bonne et due forme" le jour où il changerait d'avis ou des facteurs nouveaux se présenteraient.

"Notre victoire en justice est un camouflet pour la méthode de gouverner de Tony Blair, qui fait mine de consulter l'opinion publique, mais qui en réalité prend les décisions dans son cercle restreint", a affirmé la représentante de Greenpeace, Ema Gibson. Elle ajoute : "Tony Blair avait déjà décidé de revenir au nucléaire avant de lancer cette consultation fictive".

Conséquence de cette décision du tribunal, le gouvernement devra procéder à une nouvelle consultation, ce qui risque de retarder la publication du nouveau livre blanc sur l'énergie, attendue en principe avant Pâques. Quatre ans après le précédent, ce livre blanc est censé donner le coup d'envoi à de nouveaux investissements dans le nucléaire. Cette source d'énergie assure 20 % de la production d'électricité du Royaume-Uni, mais sa part baissera à environ 7 % aux alentours de 2023, quand la plupart des douze centrales atomiques existantes seront mises hors de production pour cause de vieillesse.

Le ministre de l'Industrie, Alistair Darling, a fait bonne figure contre mauvaise fortune, en affirmant que "le tribunal a critiqué les procédures suivies dans la consultation, mais il ne s'est pas prononcé contre le nucléaire".

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