Fusion en urgence pour tenter d'éviter la faillite d'une banque allemande

Nouvelle étape dans la recomposition du paysage des Landesbanken. Pour éviter la faillite, la banque régionale allemande SachsenLB va passer sous le giron de sa consoeur du Bade-Würtemberg, la LBBW.

La banque régionale allemande SachsenLB va passer sous le giron de sa consoeur du Bade-Würtemberg, la LBBW. Cette fusion en urgence est destinée à éviter la faillite de l'établissement, frappé de plein fouet par la crise des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis.

Comme "mesure immédiate", la LBBW a injecté 250 millions d'euros d'argent frais dans la banque de Leipzig, a déclaré dimanche un porte-parole de l'établissement de Stuttgart. Quant au prix exact de la vente, il sera fixé à la fin de l'année, une fois que LBBW aura pu procéder à un examen plus détaillé des comptes de SachsenLB, a-t-il expliqué.

Ce prix devrait dépasser les 300 millions d'euros, a déjà indiqué le ministre président conservateur (CDU) du Land de Saxe, Georg Milbradt. Son homologue du Bade-Würtemberg, Günther Oettinger (CDU), a estimé que le coût total de l'opération devrait se situer entre 300 et 800 millions d'euros pour LBBW, la plus grosse Landesbank allemande avec une somme de bilan d'environ 428 milliards d'euros. Ce mariage est la conséquence directe de la crise des prêts hypothécaires américains à risque, dits "subprime", qui a touché de plein fouet SachsenLB.

Les caisses d'épargne allemandes et des banques publiques avaient déjà dû voler à son secours le week-end dernier, en lui accordant une ligne de crédit de 17,3 milliards d'euros. Mais cette intervention n'aura pas suffi. Un nouveau trou de 400 millions d'euros aurait été découvert dans les caisses de la banque. Le gendarme de la Bourse allemand, le Bafin, aurait alors averti que si elle ne trouvait pas un partenaire très rapidement, elle devrait mettre la clé sous la porte.

L'urgence était telle que le mariage avec LBBW a été approuvé par les gouvernements des deux Länder sans recevoir l'aval préalable de leurs Parlements. A l'avenir, SachsenLB deviendra une simple filiale de LBBW. La banque, dont le total de bilan s'élève à 68 milliards d'euros, a investi pendant des années plus que de raison, via sa filiale irlandaise, notamment sur le segment du "subprime", ce qui avait fait tiquer dès 2005 le Bafin.

Pour le gouvernement régional de Saxe, c'était l'unique moyen d'assurer le développement de la seule Landesbank de l'est de l'Allemagne. Car il était vite apparu après sa création en 1992, au lendemain de la Réunification, qu'elle ne pourrait pas compter sur son seul marché domestique, trop petit, pour survivre.

Ce mariage éclair marque une nouvelle étape dans la recomposition du paysage des Landesbanken, au nombre de onze actuellement. De nombreuses voix réclament depuis plusieurs années une fusion entre établissements dont la taille est jugée trop petite pour assurer leur existence. Une demande qui se heurte aux intérêts des politiques, soucieux de conserver leur banque régionale et les emplois.

Il y a quelques mois encore, une fusion entre LBBW et WestLB, implantée à Düsseldorf (ouest) semblait ainsi bien engagée. Mais ce projet a été mis à mal par un scandale financier qui a secoué la banque cet été, poussant son directeur à démissionner. Sans compter que WestLB est aussi exposée au marché du "subprime". Selon des informations de presse, la banque publique allemande aurait essuyé des pertes beaucoup plus importantes que prévu. Alors que l'établissement tablait sur une perte de 243 millions d'euros, le quotidien Berliner Zeitung fait état d'un chiffre allant de 500 millions à 1,25 milliard d'euros.

Du coup, le gouvernement régional de Rhénanie du Nord-Westphalie réfléchit à un plan B, pour que sa banque ne reste pas sur la touche. D'ailleurs, selon le magazine Focus, la deuxième banque du pays, Commerzbank, s'intéresserait à 38 % du capital du Land de Rhénanie dans WestLB.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.