L'Asean prépare son quarantième sommet aux Philippines

L'organisation des pays d'Asie du sud-est s'apprête à adopter une charte politique lui attribuant la capacité de signer des accords internationaux. Mais les réticences fortes de ses différents membres à toute ingérence dans les affaires intérieures de chacun restent un frein à la poursuite de l'intégration régionale.

Dix ans après la crise financière qui a frappé l'Asie, l'Asean (Association des nations d'Asie du sud-est) est toujours en quête de cohésion politique. Ses dirigeants se retrouvent dans ce but aux Philippines (à Cebu) à partir de mercredi et jusqu'au 15 janvier. La rencontre avait été initialement programmée il y a un mois, mais le gouvernement philippin l'avait soudainement annulé sous prétexte de l'approche d'un typhon et surtout sur fonds de menaces terroristes.

Pour tenter de surmonter le scepticisme de leurs partenaires internationaux, les dix membres de cette association (Thailande, Malaisie, Singapour, Indonésie ...), qui fêtera ses quarante ans en août, s'apprêtent à examiner un projet de charte qui ferait d'elle une "entité juridique et légale (...) capable de signer des accords et gérer ses relations avec les autres organisations et Etats", a souligné Hadi Soesastro, directeur du centre d'études stratégiques internationales à Jakarta.

Cette charte devra "s'attacher particulièrement à renforcer la paix, la stabilité, la démocratie, la bonne gouvernance et assurer la promotion des droits de l'homme", a rapporté l'AFP. Mais, hier, des organisations de défense des droits de l'homme ont douté des chances de voir de tels engagements être mis en pratique par des gouvernements tels que la junte militaire au pouvoir au Myanmar (Birmanie).

Bloc économique en forte croissance sous-tendu par une forte division régionale du travail articulée autour de la Chine, l'Asean souffre d'une faiblesse politique chronique. Depuis sa création, certaines initiatives ont jalonné sa jeune histoire dont les plus récentes sont les accords d'échange de devises mutuelles en cas de crise financière, l'ouverture de l'organisation à ses trois grands voisins que sont le Japon, la Chine et la Corée du sud, ou encore la constitution d'un cercle plus large comprenant les pays de l'Asean plus l'Australie, la Nouvelle Zélande et l'Inde et dont le sommet est également programmé pour la fin de la semaine à Cebu. Il s'agira alors du deuxième sommet de "l'Asie de l'est".

Il n'en reste pas moins vrai que les différents membres de l'Asean continuent de s'interdire une quelconque ingérence dans les affaires intérieures de chacun. Ces réticences freinent le processus d'intégration asiatique qui prétend pourtant, parfois, se référer au modèle européen essentiellement qui est, lui, basé sur l'émergence d'institutions communautaires.

"Ce bouillonnement laisse perplexe l'observateur européen qui n'y discerne pas de ligne de forces et s'interroge sur l'absence de réponse à des questions qui lui paraissent primordiales : le cadre géographique idéal, la réconciliation politique, l'harmonisation d'initiatives concurrentes ...", écrivent Sophie Boisseau du Rocher et Françoise Nicolas, deux expertes de l'Asie et co-auteurs de "Asie, entre pragmatisme et attentisme" (La Documentation française). Enfin, la construction d'un ensemble asiatique doit surmonter les réticences américaines qui n'ont "aucun intérêt à voir se profiler une coopération étroite entre Pékin et New Delhi", écrit Sophie Boisseau du Rocher, chercheur à Asia Center.

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