Garcia Lorca, New York et Blanca Li

La chorégraphe et danseuse espagnole Blanca Li s'est inspiré de l'oeuvre du poète Federico Garcia Lorca pour concevoir "Poeta en Nueva York", un spectacle bouillonnant joué, dansé et chanté actuellement à Grenade en Andalousie et bientôt à l'Opéra de Massy. En tête d'affiche, outre Blanca Li, le danseur Andrés Marin et la chanteuse Carmen Linares.

Fin des années 1920 - début des années 1930. Le cinéma hollywoodien n'a pas encore couronné Fred Astaire roi mondial des claquettes. Mais sa biographie révèle qu'il en est déjà, sur les planches, un champion incontestable. Pendant ce temps et toujours outre-Atlantique, le jazz s'affirme. Tout comme la grande crise économique. C'est l'époque où le poète espagnol d'une petite trentaine d'années né dans les faubourgs paysans de Grenade en Andalousie, Federico Garcia Lorca, se rend plusieurs mois à New York, à l'Université de Columbia. Séjour difficile pour différentes raisons. Notamment par la langue, l'anglais, qu'il ne parle pas. Mais séjour riche de découvertes et d'impressions qui se traduisent par l'écriture de "Poeta en Nueva York", poèmes/textes qui seront publiés en 1940, après son assassina tragique à Grenade en 1936 par les franquistes, aux premiers jours de la guerre civile.

Blanca Li, danseuse, chorégraphe et encore metteur en scène, est également née à Grenade. Cette artiste, dont la compagnie est en résidence depuis plusieurs années à l'Opéra de Massy près de Paris, a développé ses talents notamment auprès de l'école de Martha Graham à ... New York. La rencontre entre le poète et la danseuse paraît presque comme une évidence. Le spectacle reprend le titre de "Poeta en Nueva York" et se donne jusqu'à la fin du mois d'août dans le cadre de la manifestation annuelle "Lorca y Granada en los Jardines del Generalife", autrement dit à deux pas du célèbre Alhambra.

Enorme espace ce théâtre en plein air qui permet à Blanca Li d'offrir une pièce qui ne ménage ni les effets, ni les développements artistiques avec une distribution imposante (une version plus resserrée est annoncée pour fin décembre à Massy). Parce qu'elle veut traduire l'essentiel des métaphores que propose Lorca. Sa solitude à la Columbia, les noirs de Harlem qu'il découvre et qui l'impressionne, la mixité des populations et la pauvreté dans les rues de New York, l'architecture, mais aussi ses pulsions suicidaires... Alors, Blanca Li veut aussi en donner toute la contemporanéité. Au zapateado du flamenco répondent les claquettes, à la chanson gitana la voix du jazz, aux bruits de la rue de la "Grosse pomme" le rythme hip hop...

C'est presque un immense show que nous offre Li avec 30 danseuses et danseurs capables de tout entre cabaret, prises de posture musclée sous des tonnes d'eau qui tombent en pluie, comédies musicales (ballet des balayeurs...), concert de jazz, etc. Mais il y a aussi la danse flamenca d'Andrés Marin d'une sobriété et d'une efficacité remarquable, le chant émouvant de la grande Carmen Linares (parfois remplacée par Encarnita Anillo y Rob-Li), les extraits de poèmes récités par Javier Viana, et tous les musiciens sur scène. Si l'on ressent parfois quelques longueurs, ce "Poeta en Nueva York" ne trahit pas cette force de Garcia Lorca à marier l'allégresse, l'étonnement et la mélancolie.

"Poeta en Nueva York" jusqu'au 31 août dans le Théâtre de verdure du Generalife à Grenade. Du 14 au 16 décembre à l'Opéra de Massy (01 60 13 14 05).

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