Les syndicats de la fonction publique se mettent en grève pour le pouvoir d'achat

L'appel unitaire à une grève de 24 heures demain dans la fonction publique lancé par les huit syndicats de fonctionnaires devrait être bien suivi. Ils réclament une augmentation de leur pouvoir d'achat, sur fond de réductions d'effectifs.

Le mois de novembre est décidément très "chaud" pour le gouvernement. Après les cheminots, les agents de la RATP, d'EDF et de GDF, c'est au tour des fonctionnaires d'appeler à la grève pour le pouvoir d'achat et contre les réductions d'effectifs. Les huit fédérations de fonctionnaires (CGT, CFDT, FO, CFTC, FSU, CFE-CGC, Unsa et Solidaires) ont en effet lancé un appel unitaire à une grève de 24 heures demain pour l'ensemble des 5.2 millions agents des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière).

Pour André Santini, secrétaire d'Etat à la fonction publiques, "cette grève est fondée sur des raisons salariales, ce ne sont pas des machinations politiques, en tout cas demain (mardi) alors elle sera largement suivie", a-t-il déclaré hier sur RMC-Info/BFM-TV, sachant que pour lui, une "grève moyenne dans la fonction publique, c'est 30 %".

Il a par ailleurs estimé qu'une fusion avec le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux serait "le pire (scénario) pour les organisations représentatives de la fonction publique en particulier, car cette grève pour défendre les régimes spéciaux va polluer le mouvement des organisations syndicales de la fonction publique".

Au départ, certaines fédérations de fonctionnaires, parmi lesquelles l'Unsa ou la CFDT, ne souhaitaient pas la jonction des deux mouvements, estimant notamment que les revendications n'étaient pas les mêmes et risquaient de brouiller le message. Reste que, compte tenu de la durée de la grève contre la réforme des régimes spéciaux, la journée de mardi verra les deux mouvements se mêler, auxquels se joindront les étudiants qui appellent, eux aussi, à la mobilisation, cette fois contre la réforme Pécresse des universités. Ils manifesteront jeudi.

Demain, les fédérations de fonctionnaires réclameront une nouvelle fois l'ouverture de négociations salariales pour 2007 avec le gouvernement. Elle passe par une augmentation de la valeur du point d'indice, qui sert de base de calcul pour leur salaire et une refonte de la grille indiciaire.

Lors d'une conférence de presse commune organisée vendredi, les syndicats ont rappelé que la revalorisation de 0.8 % du point d'indice, qui sert de base de calcul pour les salaires, avait été accordée pour 2006 et non pour 2007. Ils estiment que cette année ne devait pas rester une année blanche pour les fonctionnaires et chiffrent la perte de pouvoir d'achat à 6 % depuis 2000.

De son côté, le gouvernement estime que les syndicats se focalisent sur le point d'indice. Il chiffre pour l'année 2007 à +3,7% la prévision d'évolution de la fiche de paye des fonctionnaires présents sur l'ensemble de l'année. Considérant que l'inflation prévisionnelle hors tabac est de 1.3 %, le pouvoir estime à + 2.4 % en 2007 les gains de pouvoir d'achat moyen (point d'indice, augmentation automatique des rémunérations liées à l'ancienneté, mesures catégorielles).

Face à la grogne syndicale persistante avant l'été et l'annonce à la rentrée de la suppression de 22.900 postes de fonctionnaires en 2007, dont 11.200 dans la seule Education nationale, le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a annoncé fin octobre des mesures salariales "concrètes et ciblées" pour plus d'un million d'agents représentant un coût pour l'Etat de 100 millions d'euros pour la fonction publique d'Etat, 130 millions pour la fonction publique hospitalière et une somme "variable" en fonction des collectivités pour la territoriale.

Parmi elles, figure la possibilité de quatre jours de RTT sur la base du volontariat aux 140.000 agents de l'Etat et 35 000 agents des collectivités possesseurs d'un compte-épargne temps (CET), sur lequel ils accumulent des jours de RTT non utilisés. Une mesure que le gouvernement a décidé, le 13 novembre, d'étendre aux agents non possesseurs d'un CET mais qui en ouvriront un jusqu'au 30 novembre

Pour les syndicats qui avaient qualifiées ces mesures de saupoudrage, le compte n'y est toujours pas. Et en l'absence de réponse gouvernementale, qui ne dispose d'ailleurs d'aucune enveloppe financière nouvelle, ils ont prévenu qu'ils se réuniraient dès le lendemain de la grève, soit mercredi, pour "envisager les suites" à donner à cette journée.

Les salaires dans la fonction publique
En 2004, le salaire moyen net mensuel (primes comprises) était de 2.108 euros dans la fonction publique d'Etat et de 1.578 euros dans la fonction publique territoriale, contre 1.849 euros dans le secteur privé. Dans la fonction publique hospitalière, il était de 1.909 euros en 2003, médecins inclus.

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