"Plus de cinquante ans après les premiers livres de poche, nous voici donc engagés dans l'aventure de la télé de poche", a déclaré lundi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, en signant le décret fixant les normes de la télévision mobile personnelle. Déjà lancée au Japon, en Corée, en Italie, en Allemagne et en Finlande, la "TMP" se distingue des offres de télévision 3G des opérateurs mobiles, qui se limitent à des consommations ponctuelles et individuelles (dites en mode "unicast"). Il s'agit pour la TMP d'une diffusion en mode "broadcast" d'une chaîne de télévision vers des milliers d'utilisateurs, qui peuvent la regarder depuis un téléphone portable ou tout autre terminal de poche.

Le gouvernement souhaite que les premiers services commerciaux de la "TMP" soient disponibles pour les Jeux Olympiques de Pékin à l'été 2008. Initialement, les acteurs réunis au sein du Forum TV Mobile espéraient les lancer pour la Coupe du monde de Rugby... Le dossier a traîné, faute d'un cadre réglementaire bien défini, selon les industriels. Les normes DVB-H et DVB-SH ayant été officiellement adoptées aujourd'hui, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel pourra lancer avant la fin octobre son appel à candidatures pour sélectionner les chaînes qui diffuseront sur la télévision mobile personnelle. Une quarantaine d'éditeurs de chaînes, de distributeurs, d'opérateurs mobiles et d'industriels avaient répondu à la consultation publique du CSA sur le sujet au printemps dernier et rendue publique en juin.

Des incertitudes demeurent sur le coût de déploiement du réseau et la répartition du financement. Dans un premier temps, le déploiement initial prévoit de couvrir une centaine de villes, soit 30% de la population. "Si le marché est à la hauteur des attentes, nous pourrons imaginer un déploiement de grande envergure vers 2010" a déclaré Christine Lagarde. Les acteurs concernés divergent également sur les modalités de financement: la TMP devra-t-elle être gratuite ou payante? Pour la ministre de l'Economie, la "télé de poche" est une "aventure culturelle et économique": elle en attend "une dizaine de milliers d'emplois".