Merkel et Barroso tancent Moscou après la fermeture du pipeline vers l'Europe

La chancelière allemande, soutenue par le président de la Commission européenne, n'a pas apprécié l'initiative russe d'interruption des livraisons de pétrole via la Biélorussie, qu'elle a qualifié d' "inacceptable".

Ce ne sont pas des manières! La chancelière allemande, dont le pays préside pour six mois l'Union Européenne, a jugé mardi "inacceptable" de ne pas avoir été informée par Moscou de la fermeture de l'oléoduc Droujba, destinée à punir la Biélorussie par laquelle il transite. Cet incident entre nations slaves "détruit la confiance" des Européens envers la Russie, a renchéri la chancelière lors d'une conférence de presse à Berlin en présence du président de la Commission Européenne José Manuel Barroso.

Pour Merkel, habituée à mettre les formes dans les relations en particulier internationales, il n'est "pas acceptable qu'il n'y ait pas de consultations dans un tel cas". Berlin passe pour un partenaire solide de Moscou, mais quand la coopération peut déboucher sur des difficultés, "la moindre des choses est [dans ce cas] d'engager des consultations", a-t-elle souligné.

José Manuel Barroso a de son côté également qualifié d' "inacceptable" la fermeture ex-abrupto de l'oléoduc Droujba. Outre celles situées en Allemagne, plusieurs raffineries en Pologne, Slovaquie, Hongrie et République tchèque pourraient à terme souffrir de pertes d'approvisionnements si la crise devait perdurer. Le groupe pétrolier OAO Transneft a accusé la Biélorussie d'avoir siphonné 79.000 tonnes de brut du pipeline sur sa route vers l'occident. Celui-ci assure 12.5% des importations de pétrole en Europe, selon la Commission Européenne.

Angela Merkel, qui va rencontrer dans quelques jours le président russe Vladimir Poutine, a encore fait remarquer que "même pendant la guerre froide, la Russie avait rempli ses engagements" en matière de livraison d'énergie. La dirigeante allemande en a profité pour souligner l'importance pour l'Europe d'assurer son indépendance face aux importations en sources d'énergie. "Aucun pays ne peut être laissé pour compte" à ce sujet. Ce qui compte selon elle est le développement des énergies renouvelables et les gains en efficience.

Bruxelles doit justement présenter demain son plan stratégique pour l'énergie en Europe. La Commission va recommander de scinder les groupes énergétiques entre les activités de production et de transport, pour assurer plus de concurrence sur les marchés de l'électricité et du gaz. Merkel souscrit à l'impératif d'un maximum de transparence dans la production et la distribution. Mais son gouvernement est vent debout face à la menace d'une scission forcée des opérateurs, ce qui frapperait au coeur les quatre grands du marché outre-Rhin, dont E.ON et RWE.


Angela Merkel remet en cause la sortie du nucléaire
La fermeture soudaine du pipeline russe vers l'Europe a de nouveau rouvert le débat outre-Rhin sur la "sortie de la sortie" du nucléaire. Angela Merkel (CDU) l'a clairement laissé entendre devant les caméras de la chaîne ARD: "Il faut se demander quelles conséquences cela comporte, quand nous coupons les centrales nucléaires", s'est-elle interrogé. La première économie d'Europe débat ces mois-ci sur la recherche du meilleur "mix" en matière de production d'énergie. L'abandon du nucléaire avait été arraché aux fournisseurs d'énergie par le précédent gouvernement Schröder allié aux Verts. Le parti de l'ex-chancelier social-démocrate, le SPD, refuse aujourd'hui de reprendre la discussion. D'ici la fin de la législature en 2009, quatre centrales sur dix-sept en activité devront fermer. Deux demandes de prolongation de leur durée de vie ont été déposées par leurs opérateurs.

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