Heroïc opera made in China

Le Théâtre du Chatelet, à Paris, crée "Monkey, journey to the West", opéra pop qui tient du cirque, du kung-fu, de la comédie musicale, du film fantastique hollywoodien. Sur un classique de la littérature chinoise et une musique de Damon Albarn, un spectacle à tout casser!

Acrobates virevoltants, jongleurs vibrionnants, dragon sifflant, singe chantant, airs tonitruants, tableaux étourdissants... Le spectacle musical hypersonorisé créé au Châtelet, sur une idée de son patron Jean-Luc Choplin, expert en kitsch chic, ne ressemble à rien de connu. Peut-être pourrait-on parler d' "Heroïc opéra" comme on parle d'"Heroïc fantasy" à propos des grandes sagas fantastiques du cinéma hollywoodien. De fait, "Monkey, journey to the West" tient visuellement de la "Guerre des étoiles" avec, en prime, des arts martiaux échappés des "Tigres et dragons" d'Ang Lee pour la virtuosité ou de "Kill Bill" de Tarentino pour l'humour.

Le metteur en scène sino-américain Chen Shi-Zheng, dont on avait énormément apprécié le magnifique mais très classique "Pavillon aux pivoines", au Festival d'automne 1999, s'est lâché. Sans doute sous l'influence de ses collaborateurs, les deux histrions du rock anglais Damon Albarn et Jamie Hewlett qu'il a initiés en les emmenant en Chine pour se frotter aux arts ancestraux de l'Empire du milieu. Le premier est le leader du groupe-culte Blur, créé en 1991, le second est graphiste, décorateur et costumier. Ensemble, ils ont lancé le groupe virtuel Gorillaz, cocktail de rock, de brit-pop et de hip hop dont les musiciens sont des personnages de bande dessinée. Prenant pour base un classique de la littérature chinoise, "La pérégrination vers l'ouest", (1592), leur cocktail musical se pimente d'ingrédients exotiques au point d'atteindre parfois les limites du supportable. Instruments à cordes chinois traditionnels (pipa, zhongran...) rivalisent avec les violons, pianos, trompettes, tubas... bien de chez nous, parfois noyés sous des flots de sons électroniques et de bruits de klaxons produits par un objet inédit, le klaxophone digne du professeur Nimbus! Dans ses meilleurs moments, la partition a des accents de musique répétitive à la Terry Riley, dans les pires des relents de refrains sirupeux de comédie musicale comme on en entend dans les restaurants chinois.

Entrecoupé par intermittence de films d'animation, le spectacle de deux heures d'un seul tenant déroule en neuf tableaux tous plus fluos les uns que les autres le voyage initiatique du Roi-singe, maître kung fu et magicien écervelé qui progresse au fil de moult péripéties vers la sagesse du Bouddha. Il a pour mission d'escorter le moine Tripitaka, être pur mais sans défense ni volonté, affronté à mille dangers dans son périple vers l'Ouest (l'Inde) à la recherche de manuscrits bouddhiques sacrés.

Le duo est flanqué de créatures fantastiques, Cheval Blanc, le gracieux destrier du moine, Porcet, gros cochon lubrique, Sablet le cannibale. Pas moins de 70 artistes chinois, acrobates, jongleurs, spécialistes des arts martiaux, chanteurs (en mandarin)... sont réquisitionnés pour produire sur la scène du Châtelet un cirque de tous les diables!

"Monkey, journey to the West", jusqu'au 13 octobre. Tél: 01 40 28 28 40, www.chatelet-theatre.com

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