Le PS part en guerre contre le programme économique de François Bayrou

Contrat de travail, emploi, 35 heures, retraites: le premier secrétaire du PS François Hollande affirme que le projet social de François Bayrou n'est qu'une "copie" du programme de Nicolas Sarkozy.

Comment attaquer François Bayrou sans courir le risque de perdre au second tour les voix des Français qui auraient choisi le candidat centriste au premier tour? Le PS se divise sur la stratégie à adopter pour contrer la candidature du président de l'UDF qui séduit, selon les sondages, un nombre croissant de socialistes, au premier rang desquels les enseignants et d'autres catégories de fonctionnaires. Ségolène Royal joue pour l'heure la prudence et se contente d'affirmer qu'elle ne connaît pas encore les propositions précises de François Bayrou et qu'elle attend son programme pour lancer l'offensive.

Laissant de côté l'épineuse question de la nouvelle majorité susceptible de gouverner en cas de victoire du candidat UDF à la présidentielle, François Hollande prend les devants. Devant la presse lundi, le premier secrétaire du PS a pris des exemples concrets pour expliquer que le "vide" du programme de Français Bayrou cachait une "copie" du programme de Nicolas Sarkozy. "Derrière le flou, il y a la copie" a-t-il déclaré en soulignant le "tronc commun qui unit les deux candidats de la majorité sortante". Dans un entretien au journal "Les Echos" du 26 mars, le candidat UDF apporte sur son programme des précisions dont François Hollande se sert pour étayer sa démonstration.

Contrat de travail, emploi, 35 heures, retraites: sur les dossiers sociaux, le PS relève de nombreuses similitudes entre les projets présidentiels des candidats UDF et UMP. "Un vide peut cacher des intentions" affirme François Hollande. Qu'entend faire, par exemple, François Bayrou du contrat nouvelles embauches? Alors que Ségolène Royal s'engage à l'abroger si elle emporte la présidentielle le 6 mai, le candidat centriste a une position nettement plus réservée. Il se retranche derrière l'ordonnance Villepin, prise l'été 2005, qui prévoit un bilan du CNE après deux ans d'application et préconise d'attendre ce bilan. Plus globalement, il se prononce contre l'idée du contrat de travail unique, prônée par Sarkozy, au motif que "nous n'avons pas tous les mêmes besoins", mais en même temps il ouvre la porte à une réforme du contrat de travail, inspirée du CNE en déclarant: "sur le contrat de travail, je défends un cadre de droit commun, le CDI, avec une période d'essai suffisante"...

Autre point commun entre Bayrou et Sarkozy, selon François Hollande: la réforme des 35 heures. Partant du principe qu'il faut encourager "ceux qui veulent travailler plus", les deux candidats préconisent de jouer des heures supplémentaires, avec des modalités différentes, mais une même finalité: augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui travailleront davantage plutôt que de favoriser l'embauche de ceux qui n'ont pas de travail, comme le souligne le PS. Encourager les heures supplémentaires passe, pour Sarkozy et Bayrou, par un allègement des cotisations sociales sur ces heures, pour inciter les entreprises à y recourir. Le troisième exemple cité par le leader du PS concerne la réforme des retraites. Il estime qu'en préconisant un système de retraites par points qui permet à chacun de choisir une retraite "à la carte", avec un niveau de pension correspondant aux points acquis pendant sa vie active, François Bayrou met en cause le système de retraites par répartition, basé sur la solidarité inter-générationnelle, les actifs payant pour les inactifs.

Plus globalement, François Hollande juge "normal" que les candidats UMP et UDF présentent autant de similitudes dans leurs programmes respectifs. Il se plaît à rappeler, en direction de ceux qui l'auraient oublié dans les rangs de la gauche, que "ce n'est pas un hasard si François Bayrou a voté la loi Fillon sur les 35 heures dès l'été 2002, la loi Fillon sur les retraites, la loi Douste-Blazy sur l'assurance-maladie et la loi Borloo sur l'égalité des chances". Difficile dans ces conditions pour François Bayrou de laisser croire qu'il est dans l'opposition, plaide le PS.

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