La croissance stagne à cause de l'industrie, selon Euler Hermes

A mi-chemin entre les estimations de croissance de Christine Lagarde (2,25%) et celles de l'OCDE (1,8%), les économistes de la société d'assurance crédit prévoient une augmentation du PIB de 2% cette année. Les difficultés du secteur industriel empêchent une relance franche.

Dans le cadre de sa "météo des secteurs" de l'économie française, Euler Hermes dresse un constat alarmiste: la désindustrialisation menace. Selon la société d'assurance-crédit et de recouvrement de créances, cette tendance se traduit par une croissance atone de l'industrie: seulement 1,5% en 2007. Impossible dans ces conditions pour le PIB hexagonal d'augmenter de plus de 2% cette année.

Jusqu'à l'année dernière, l'aéronautique, la construction et la pharmacie-cosmétique étaient les moteurs de la croissance française. Philippe Brossard, le responsable du bulletin économique d'Euler Hermes, s'inquiète car ces trois secteurs semblent marquer le pas.

Alors qu'en 2005 et 2006, l'activité du BTP a augmenté de 4% en volume, cette croissance passerait à 2% en 2008. Le chiffre d'affaires de l'industrie pharmaceutique progressait de 6% en 2005; il devrait se contenter d'une augmentation de 1,5% l'année prochaine. D'après les économistes d'Euler Hermes, cette décélération est due à "l'effet des génériques et aux politiques de maîtrises des dépenses de santé". Le chiffre d'affaires de l'aéronautique n'augmenterait que de 8% en 2008 contre 17% en 2005. Ce secteur "limite désormais ses investissements dans l'Hexagone" et s'oriente "plutôt, à moyen terme, vers un accroissement de la production hors zone euro".

La production de biens de consommation continue de son côté à décliner. Euler Hermes évalue le recul du textile à 60% depuis 2000. Sur la même période, l'électroménager a perdu 25% de son activité. La production automobile a quant à elle décru de 20% en trois ans. "L'apparition de nouveaux modèles permettrait de stabiliser les volumes en 2008", pronostique Philippe Brossard.

Seuls les biens d'équipement tirent leur épingle du jeu. "Ils sont tirés par l'activité ferroviaire et par les biens d'investissements industriels, contrepartie du développement des pays émergents", analyse la société d'assurance crédits.

Les services ne permettront pas de compenser les difficultés de l'industrie. Ce secteur affiche des performances "en demi-teinte", estime Euler Hermes. L'activité des transports augmente malgré la hausse des prix du carburant. Cependant, l'immobilier risque de souffrir du ralentissement de la construction. Par ailleurs, les pouvoirs publics veilleront d'ici à la fin de l'année et en 2008 à ce que les marges de la grande distribution ne s'envolent pas.

Au regard de cette conjoncture, Philippe Brossard conclut, dans l'éditorial du bulletin économique: " l'accélération de la croissance à l'horizon 2012 passera par une réindustrialisation ou restera chimère".

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