EADS : Arnaud Lagardère affirme avoir agi en "patriote"

Devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le patron du groupe Lagardère affirme qu'il disposait exactement des mêmes informations que l'Etat actionnaire. Il assure que l'Etat était au courant de son intention de vendre ses titres EADS à des institutionnels français, dont la Caisse des Dépôts.

Arnaud Lagardère, gérant commandité de Lagardère, a déclaré ce jeudi, à l'occasion de son audition par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, qu'il disposait des mêmes informations que l'Etat français au sein d'EADS, dont ils sont tous deux actionnaires. "Ce que je savais, ce que je sais, l'Etat le savait, l'Etat le sait. Je ne veux pas laisser la moindre ambiguité sur ce point là. Il n'y avait absolument aucune divergence, aucune différence sur l'information entre l'Etat actionnaire et Lagardère actionnaire".

Par ailleurs, il a assuré que l'Etat "a un droit de veto" à la Sogeade, la holding commune de l'Etat et de Lagardère représentant les intérêts français chez EADS. "Le groupe Lagardère n'aurait jamais imposé un administrateur à l'Etat", a insisté Arnaud Lagardère en ajoutant que c'était une question de "bon sens". "Il est vrai que l'Etat n'a pas de représentant au conseil d'administration d'EADS, mais tous les administrateurs sont proposés, débattus, validés à la Sogeade".

Arnaud Lagardère a ajouté que "si l'Etat n'est pas gestionnaire, il est actionnaire (...) il joue son rôle (...) L'Etat est un partenaire, ça n'est pas rien même dans les affaires, je serai toujours solidaire de mon partenaire".

Concernant ses ventes de titres EADS, il a assuré avoir agi "en patriote" dans la cession de la moitié de la participation de son groupe dans le groupe aéronautique européen, précisant avoir tenu l'Etat au courant de son intention de la céder à des investisseurs institutionnels français, notamment la Caisse des Dépôts. "Je n'ai pas de leçon de patriotisme à recevoir" et "je n'avais pas besoin que l'Etat me dise qu'il faut des actionnaires français" dans EADS, a-t-il insisté.

Le choix de céder à la CDC "a été accompagné de recommandations disant qu'on trouverait normal que les repreneurs puissent être de grands investisseurs institutionnels, et on a cité la Caisse des dépôts". Cette recommandation "a fait l'objet d'une note qui a été remise à Matignon en janvier 2006", a rappelé Arnaud Lagardère. Les représentants de l'Etat avaient répété à plusieurs reprises qu'ils n'étaient pas au courant de la vente des titres EADS à la CDC. Selon le patron du groupe Lagardère, l'évocation de la CDC "va de soi quand on parle de grands investisseurs français" et "il n'y a aucune autre explication que celle-là".

Le patron du groupe Lagardère s'exprimait devant les parlementaires alors que l'Autorité des marchés financiers (AMF) enquête sur des ventes suspectes de titres EADS de la part de dirigeants et actionnaires du groupe entre novembre 2005 et avril 2006. L'enquête de l'AMF, qui devrait se terminer en début d'année prochaine, porte à la fois sur les conditions dans lesquelles certains dirigeants d'EADS et de sa filiale Airbus ont exercé leurs stock-options en novembre 2005 et en mars 2006, et sur celles qui ont entouré la cession, le 4 avril 2006, par Daimler et Lagardère de 7,5% du capital d'EADS chacun.

Ces opérations ont eu lieu peu avant l'annonce de nouveaux retards de l'A380 le 13 juin 2006, qui avait entraîné une chute de 26% du titre EADS.

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