Indépendance de la BCE : Nicolas Sarkozy déclenche la polémique

Le chef de l'Etat français a créé une vive contreverse en critiquant samedi l'action de la Banque Centrale Européenne. Il a regretté que l'établissement bancaire ait injecté des liquidités pour faire face à la crise financière, au lieu de baisser ses taux pour favoriser la croissance. Des propos qui ont suscité en retour de vives critiques de la part des partenaires européens, qui accusent le président français de vouloir remettre en cause l'indépendance de la BCE. Nicolas Sarkozy s'en est également pris au président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Le torchon brûle entre Nicolas Sarkozy et la Banque Centrale Européenne. Le chef de l'Etat français a déclenché une polémique avec ses partenaires en Europe en épinglant l'action de la BCE, en pleines turbulences financières. Selon des propos rapportés samedi par le quotidien Le Monde, il a jugé "curieux" que la Banque centrale européenne se contente de mettre d'importantes sommes d'argent à disposition des banques pour ramener le calme sur les marchés, mais n'abaisse pas aussi ses taux d'intérêt pour soutenir la croissance.

"On a fait des facilités pour les spéculateurs, on complique la tâche pour les entrepreneurs", a estimé Nicolas Sarkozy, dans l'avion qui le ramenait vendredi soir de Hongrie. Des propos qui ont choqué au sein de l'Union Européenne, amenant de vives critiques. A Porto, plusieurs des partenaires de la France sont montés au créneau pour soutenir la BCE.

"Je pense que la politique suivie par la BCE est appropriée", a ainsi déclaré le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, en exhortant à ne pas remettre en cause l'indépendance de la banque centrale, chère à l'Allemagne. "Aucune majorité ne se dessine" en Europe pour cela, a averti le ministre allemand. Moins diplomate, le gouverneur de la très orthodoxe banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, a assuré que l'impact des critiques françaises sur les décisions de l'institut monétaire serait "nul".

Le président de la BCE lui-même, Jean-Claude Trichet, est sorti de sa réserve pour lancer une pique à Nicolas Sarkozy. Il s'est étonné des critiques du chef de l'Etat français en rappelant qu'au début du mois, ce dernier avait au contraire salué la décision de la BCE de ne pas augmenter ses taux, du fait des turbulences financières, "au point même de l'avoir attribuée à sa propre influence".

Des critiques d'autant plus vives que Nicolas Sarkozy s'en est pris également au président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, lui reprochant de faire preuve d'inertie. "Quelle initiative a-t-il prise ?", s'est-il interrogé. Cette sortie est intervenue le jour même où Jean-Claude Juncker, au nom de l'Eurogroupe, avait publiquement rappelé à l'ordre la France pour son manque d'efforts dans la réduction de ses déficits.

Les propos de Nicolas Sarkozy ont ainsi mis la France en porte-à-faux de ses partenaires européens et ont même suscité la critique en France. François Bayrou, a jugé "inquiétants" les déclarations de Nicolas Sarkozy, selon lui "extrêmement déstabilisatrices dans ce climat de crise" actuel. Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, Nicolas Sarkozy préfère sans prendre "à d'autres qu'à lui même" pour affronter le problème des déficits publics et de la faiblesse de la croissance française.

Même Dominique de Villepin, qui s'épanouit dans son nouveau rôle d'opposition, a affirmé ce dimanche que "pour avoir 3% de croissance, il faut un changement de politique économique majeur" et non proférer "une imprécation contre la politique européenne".

A l'Elysée, on réplique. Ce dimanche, le porte-parole de l'Elysée, David Martinon a assuré que Nicolas Sarkozy respectait l'indépendance de la Banque centrale européenne mais qu'il ne renoncerait pas pour autant à débattre de la politique de l'institution bancaire. "La France n'ordonne rien du tout. La France est respectueuse de l'indépendance de la BCE mais la France ne s'interdit pas de réfléchir et de débattre", a-t-il déclaré lors du Forum Radio J, ajoutant: "Débattre ne veut pas forcément dire se faire la guerre".

Auparavant, la ministre française de l'Economie, Christine lagarde, présente à Porto pour une réunion avec ses collègues européens, avait soutenu samedi les propos de Nicolas Sarkozy, jugeant qu'il avait "tout à fait raison de poser la question des taux d'intérêt" de la BCE.

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