Le champ de bataille amoureux

Dans "Ne touchez pas la hache", Jacques Rivette adapte magnifiquement le roman d'Honoré de Balzac "La Duchesse de Langeais". Avec Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu en victimes alternatives de la passion.

Difficile de réussir l'adaptation au cinéma des chefs-d'oeuvre de la littérature. Vétéran de la Nouvelle vague, Jacques Rivette, 78 ans, est un habitué du genre, qui a déjà réalisé "La Religieuse" d'après le roman éponyme de Diderot et "La Belle noiseuse" d'après "Le chef d'oeuvre inconnu" de Balzac.

Cette fois, c'est à un récit romantique en diable de Balzac qu'il s'attaque, "La Duchesse de Langeais", en collant le plus près possible au texte et en restituant avec beaucoup de soin et de vraisemblance l'époque de la Restauration qui succède à l'épopée napoléonienne.

Contribuent également à la réussite du film, les deux acteurs principaux, Jeanne Balibar dans le rôle de la Duchesse de Langeais, une coquette mondaine, et Guillaume Depardieu dans celui du général Armand de Montriveau, un militaire sanguin.

Quant au titre, "Ne touchez pas la hache", c'est celui donné initialement par Balzac à son récit, il renvoie à un souvenir du héros qui, visitant Westminster, fut impressionné par la hache qui avait servi à trancher la tête du roi Charles 1er.

Formant le couple le plus désassorti qui soit et néanmoins irrésistiblement attiré l'un vers l'autre, nos deux héros se livrent à une partie de cache-cache sentimental qui va les mener très loin dans la souffrance.

Tout les oppose, leur milieu - elle très vieille aristocratie catholique, lui général formé dans l'armée napoléonienne - et leur tempérament - elle poupée charmeuse inflexible sur les principes, lui ours mal léché au passé aventureux.

L'histoire finira mal, on le sait dès le début du film qui se dévide en forme de flash-back. Sur l'ile de Majorque, le général Armand de Montriveau cherche dans un couvent la femme dont il a été autrefois éperdument amoureux.

Cinq ans plus tôt, dans le monde d'apparences et d'étiquette des milieux aristocratiques de la Restauration, la belle duchesse qui fréquente assidument les salons avait été intéressée par les récits d'aventure du général. Lui était tombé raide amoureux sur le champ. Elle ne l'avait pas découragé. Mais quand l'homme s'était fait plus pressant et que l'heure de passer à l'acte était venue, elle l'avait éconduit, tout en entretenant habilement sa flamme.

Sa résistance ne venait pas du fait d'être mariée. Du mari, éternel absent, on ne verra même pas l'ombre dans le film. Mais par pure coquetterie. A force de se morfondre et d'essuyer rebuffade sur rebuffade, le général risquait d'y laissait sa santé. Sur une dernière humiliation, il décide que la coupe est pleine, cesse toute relation et organise sa vengeance.

Evidemment, en vertu d'un retour classique de balancier, la duchesse réalise alors son erreur et changeant totalement de stratégie se met à poursuivre le général de ses assiduités. C'est alors que les choses prennent un tour rocambolesque qui, au terme d'aventures échevelées, finiront derrière la grille d'un couvent.

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