Bruxelles reste critique sur les progrès réalisés par les pays candidats à l'adhésion

Dans son rapport annuel sur l'état des négociations d'adhésion avec les pays candidats, Bruxelles ne ménage pas ses critiques quant à l'avancée des réformes. La Croatie mise à part, un élargissement rapide ne semble pas à l'ordre du jour.

La Commission européenne a dressé ce mardi un tableau mitigé des progrès réalisés par la Turquie et les pays des Balkans qui frappent à la porte de l'UE, douchant les espoirs des partisans d'un élargissement rapide. Trois pays candidats à l'adhésion - Croatie, Macédoine et Turquie - ainsi que quatre autres candidats potentiels - Albanie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine et Serbie - sont concernés par cet exercice.

Concernant la Turquie, qui fait partie de l'Asie mineure, comme le rappelle souvent le président Nicolas Sarkozy, la Commission a salué la fin du bras de fer entre l'armée turque et les islamistes modérés de l'AKP au pouvoir à Ankara. "En Turquie, la démocratie a prévalu sur la crise politique", a estimé le commissaire à l'Elargissement, Olli Rehn, prenant acte du fait que, après sa victoire électorale en 2007, l'AKP a placé son candidat, Abdullah Gul, à la présidence de la république alors que l'armée n'en voulait pas.

Mais Olli Rehn a appelé Ankara à saisir l'occasion d'approfondir les réformes. "Le nouvel élan devrait maintenant être mis à profit pour améliorer les libertés fondamentales, principalement les libertés d'expression et de religion, pour qu'elles prévalent dans tous les coins du pays et dans tous les domaines de la vie", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

La Croatie, qui a entamé des négociations d'adhésion en octobre 2005, en même temps que la Turquie, obtient une évaluation plutôt positive qui confirme son statut de prochain pays à adhérer à l'UE. "Les négociations d'adhésion avec la Croatie avancent bien et entrent dans une phase décisive", peut-on lire dans le document "stratégique" de la Commission. "Cela démontre à la région tout entière que la perspective d'une adhésion à l'UE est une réalité."

Mais, alors que Zagreb espérait rejoindre l'UE en 2009 ou 2010, l'exécutif européen refuse d'évoquer une échéance et critique le rythme des réformes. Si les pourparlers vont bon train - des discussions détaillées ont été ouvertes sur quatorze des trente-cinq chapitres de la négociation -, les lacunes restent très importantes, par exemple en matière de corruption et de droits de minorités.

Pour les autres pays des Balkans, "l'année prochaine sera une année cruciale dans la consolidation" et un terme revient de manière lancinante dans tous les rapports: "corruption". La Macédoine, qui espérait obtenir l'ouverture des négociations formelles en 2008, voit ainsi ses espoirs déçus. La Commission recommande en effet de reporter l'échéance à 2009 en raison des tensions persistantes entre les Macédoniens de souche et la minorité albanophone.

La Macédoine a officiellement obtenu le statut de candidate à l'adhésion en 2005, quatre ans après un accord entre les deux communautés sous l'égide de l'UE et de l'Otan qui a permis d'éviter l'éclatement d'une guerre civile. Mais la Commission insiste mardi sur la nécessité de progrès en matière de droits de la minorité albanaise, de lutte contre le crime organisé et la corruption ainsi que dans le respect de l'Etat de droit avant d'entamer des négociations.

La Serbie devra faire la preuve de sa pleine coopération avec le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY) sur les crimes de guerre commis dans l'ex-Yougoslavie avant de pouvoir signer un Accord de stabilisation et d'association (ASA) avec l'UE, première étape vers des négociations d'adhésion. L'exécutif européen l'appelle également à faire preuve d'un esprit constructif dans les négociations sur le statut final du Kosovo, province peuplée à 90% d'albanophones que les Occidentaux veulent voir accéder à l'indépendance alors que Belgrade exige qu'elle reste dans son giron.

Le Monténégro et l'Albanie ont signé des ASA avec l'UE, mais la Commission insiste sur l'ampleur de la corruption dans ces pays et sur les lacunes qui subsistent en matière de protection des minorités et l'organisation de la démocratie. Enfin, si un accord a été conclu entre les factions au pouvoir en Bosnie sur la réforme de la police, les divisions entre Serbes, Musulmans et Croates freinent les avancées.

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