EADS : Thomas Enders se défend de tout délit d'initié, les responsables politiques affirment leur ignorance

Thomas Enders, président d'Airbus, fait partie des 21 dirigeants d'EADS, suspectés dans la note de l'Autorité des Marchés financiers sur un délit d'initié chez EADS, qui fait scandale ces jours ci. Il dément être impliqué dans ce scandale. Côté politique, les protestations d'ignorance se multiplient, de Jean-Pierre Raffarin à Nicolas Sarkozy.

Le président d'Airbus Thomas Enders a démenti vendredi avoir commis un délit d'initié en vendant des titres de la maison mère de son groupe, EADS, et s'est engagé à coopérer avec les autorités, dans une lettre en date du 4 octobre et rendue publique ce vendredi.

Thomas Enders fait partie des 21 dirigeants d'EADS, suspectés dans la note de l'Autorité des Marchés financiers sur un délit d'initié chez EADS, qui fait scandale ces jours ci.

Co-président exécutif d'EADS en juin 2006, Thomas Enders avait été épargné par les soupçons de vente de stock options, juste avant que les importants retards sur la livraison de l'A380 ne soient révélés et fassent plonger le cours d'EADS. A l'époque, c'est Noël Forgeard, l'alter ego français de Thomas Enders, qui avait été épinglé pour avoir cédé ses stocks options en mars 2006, empochant une plus value de 3,5 millions d'euros.

D'après la note de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers), Thomas Enders aurait exercé 50.000 stocks options en novembre 2005, engageant une plus value de 711.750 euros mais n'aurait pas procédé à de nouvelles cessions en mars 2006.

"Je n'ai jamais commis de délit d'initié et je n'ai pas été accusé de délit d'initié par qui que ce soit, y compris l'Autorité des marchés financiers (AMF)", se défend dans son courrier Thomas Enders . "Nous ne sommes pas disposés à accepter d'être dépeints dans les médias comme suspects ou accusés de délit d'initié. Une telle accusation est très grave et injustifiée", écrit-t-il.

Thomas Enders ajoute : "Nous continuerons à soutenir l'AMF et les autres autorités de régulation dans leurs efforts pour mettre en lumière les faits et rendre justice. Mais je presse également les autorités de conclure leurs investigations rapidement et de communiquer les résultats suivant la procédure adéquate."

La prochaine étape de l'enquête de l'AMF portera sur l'information donnée au marché et devra déterminer si la réalité des retards de l'Airbus a été sciemment camouflée.

Au niveau politique, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a affirmé ce matin qu'il pensait "l'Etat irréprochable" dans cette affaire. "Je pense que l'Etat est irréprochable dans la mesure où il y avait un pacte d'actionnaires et que l'Etat ne devait pas se mêler des décisions de gestion. Cela a été respecté d'un bout à l'autre", a-t-il dit sur RMC Info. Le sénateur de la Vienne a indiqué "ne pas croire que l'Etat, dans cette affaire, ait une quelque responsabilité que ce soit". "Je pense vraiment que c'est une question de moralisation du capitalisme", a-t-il dit. "Ce pacte initial empêchait l'Etat d'intervenir dans les procédures de gestion", a-t-il rappelé.

En ce qui concerne Nicolas Sarkozy, il n'était pas au courant des difficultés d'Airbus en décembre 2005, époque où il était ministre de l'Intérieur, a déclaré ce vendredi David Martinon, le porte-parole de la présidence de la République. A la question "Est-ce que (Nicolas Sarkozy) était au courant en décembre 2005 des difficultés d'Airbus, à la fois par son rôle au gouvernement et par ses relations avec Arnaud Lagardère?", il s'est contenté de répondre "Non" avant de passer rapidement à la question suivante lors de son point presse hebdomadaire.

Autre prise de distance politique: l'Etat "n'était pas au courant" des difficultés de l'Airbus A380, a estimé vendredi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet. L'Etat "n'était pas au courant des difficultés de l'A380, d'après les informations qui sont en ma possession à cette époque là", a déclaré sur la radio RTL M. Jouyet, qui était alors, en 2005-2006, chef du service de l'Inspection générale des Finances. Le secrétaire d'Etat s'est en revanche interrogé sur le rôle de la Caisse des dépôts et Consignations (CDC), qu'il a dit ne pas comprende. "Le rôle de la Caisse des dépôts à cette époque-là est pour moi quelque chose qui reste surprenant. Je ne vois pas en quoi la Caisse des dépôts avait à prendre des participations dans ce cadre là. La Caisse des dépôts a fait une mauvaise affaire", a-t-il estimé.

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