Allemagne : le père de la semaine de quatre jours devant les tribunaux

Le procès contre Peter Harz a débuté ce mercredi matin à Brunswick. Les journaux allemands tablent sur une décision rapide, l'ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen étant prêt à donner force détails sur les privilèges accordés à certains membres du conseil de surveillance. Un procès qui relance le débat sur les dérives du fameux système de cogestion à l'allemande.

Le procès contre l'ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen, Peter Hartz (65 ans) a débuté ce matin à Brunswick. L'inventeur de la semaine de quatre jours est accusé par le parquet de Brunswick d'abus de confiance dans 44 cas et d'avoir soudoyé dans 23 cas certains représentants du personnel du constructeur allemand pour acheter la paix sociale.

Il aurait notamment versé à l'ancien président du comité central d'entreprise, Klaus Volkert, qui était également vice-président du conseil de surveillance, près de 2 millions d'euros de primes diverses en dix ans, somme à laquelle s'ajoute 400.000 euros versés à sa maîtresse brésilienne pour une prestation factice sans même un contrat en bonne et due forme, et 200.000 euros de frais de déplacements, de bijoux.... Au total, le préjudice porté à Volkswagen se monterait à quelque 5 millions, d'après un rapport réalisé par la société KPMG.

"L'affaire Volkswagen" a été révélée en juin 2005, après que le groupe ait découvert les malversations et escroqueries organisées par Klaus-Joachim Gebauer, chargé par Peter Harz des relations avec les membre du comité d'entreprise, et l'ex-chef du personnel de Skoda, Helmuth Schuster. Pour tenter de se défendre, Gebauer a révélé les privilèges dont bénéficiaient certains membres du comité d'entreprise, organe puissant dans un groupe où plus de 95% des salariés sont syndiqués.

Klaus Volkert, dont certains estimaient les pouvoirs presque aussi importants que ceux du président du directoire puisque sans son aval au conseil aucun membre du directoire ne pouvait être nommé, a été contraint à la démission quelques jours après. Peter Harz, recruté d'ailleurs visiblement en 1993 sur une idée de Klaus Volkert, qui le connaissait bien, a été obligé de suivre ensuite pour éviter que l'affaire ne cause plus de dégâts à l'image de Volkswagen et la cogestion en son sein. Au départ, le parquet enquêtait contre 14 personnes.

Le parquet pour l'instant a prévu deux journées d'audition pour le premier procès dans cette affaire. Aucun témoin, ni expert n'ont été convoqués à la barre. A la veille des débats, l'avocat de Klaus Volkert a reproché au procureur d'avoir convaincu l'ancien conseiller de Gerhard Schröder, qui a donné son nom aux réformes de l'assurance-chômage pour avoir présidé la Commission chargée de faire les propositions, de donner tous les détails des avantages procurés à l'ancien patron des comités d'entreprise, en contrepartie de quoi aucune prostitué ne sera invitée à témoigner.

Peter Harz, jusqu'il y a deux ans emblématique DRH de Volkswagen, est accusé de fait d'avoir fait payer par Volkswagen des dépenses privées avec diverses prostituées. Des avantages dont il aurait également fait profiter d'autres membres des syndicats.

Le procédé choisi par le procureur pour éviter que la presse à scandale n'exploite encore l'affaire avec force détails ne serait pas anticonstitutionnel. L'avocat de Volkert menace toutefois de porter plainte. La loi allemande visiblement permet de laisser tomber une accusation qui serait mineure pour se consacrer aux plus importantes.
Peter Harz étant prêt à négocier, les juges et les jurés pourraient se mettre d'accord pour limiter la peine à deux ans de prison avec sursis et à payer une forte amende. Jusqu'à présent, il a laissé entendre que tous les avantages avaient été de sa seule décision, évitant ainsi à Ferdinand Piëch, l'ancien président du directoire de Volkswagen qui préside aujourd'hui le conseil de surveillance, de devoir témoigner. Normalement la loi allemande prévoit jusqu'à dix ans de prison pour abus de confiance.

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