Raymond Barre est mort, les hommages affluent

L'ancien Premier ministre Raymond Barre est mort dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 83 ans à l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris. De Nicolas Sarkozy à Valéry Giscard d'Estaing en passant par Jacques Delors, de nombreux dirigeants ont salué l'homme politique atypique.

"Monsieur Raymond Barre est décédé cette nuit samedi 25 août 2007 à l'hôpital du Val-de-Grâce", a fait savoir sa famille. L'ex-Premier ministre et ancien maire de Lyon avait été hospitalisé le 12 avril à Paris après avoir été victime d'un malaise cardiaque sur la Côte d'Azur. Il s'était retiré de la vie politique en 2002 pour des raisons de santé. En février dernier, ses propos sur son ancien ministre Maurice Papon et le "lobby juif" avaient provoqué une vive polémique.

Né le 12 avril 1924 à Saint-Denis, sur l'île de la Réunion, Raymond Barre, qualifié de "meilleur économiste de France", fut Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing de 1976 à 1981 et a incarné la politique de "rigueur." Maire de Lyon (1995-2001) et député du Rhône, il avait été en outre candidat malheureux à l'Elysée en 1988, battu au premier tour par François Mitterrand et Jacques Chirac. Raymond Barre, qui avait eu 83 ans le 12 avril, souffrait depuis plusieurs années de problèmes rénaux et cardiaques. En 2001, il avait renoncé à se représenter à la mairie de Lyon pour des raisons de santé. L'année suivante, il abandonnait son mandat de député dans sa circonscription du Rhône pour les mêmes raisons.

Il avait publié au début de l'année "L'expérience du pouvoir", un livre d'entretien avec le journaliste Jean Bothorel dans lequel il revenait sur sa carrière atypique de professeur d'économie entré sur le tard dans l'arène politique. Il y réglait des comptes avec Jacques Chirac ("Le Chirac humain, chaleureux, je l'apprécie. Pour le reste, je suis incapable de lui reconnaître la moindre conviction, sauf l'obsession du pouvoir"). Il revenait aussi sur sa candidature à l'élection présidentielle de 1988 et sur la nécessité, à ses yeux, de gouverner la France au centre. "(...) Je n'aurais eu aucune objection de principe à gouverner avec des socialistes raisonnables, à l'instar de ce que l'on a vu dans d'autres pays européens", y disait-il notamment. "Je crois que notre pays a besoin de cet équilibre, sinon le débat politique se crispe jusqu'à se caricaturer", ajoutait-il.

"Raymond Barre n'a jamais été, n'a jamais voulu être un homme politique comme les autres. Avant tout grand universitaire de vocation et de tempérament, (...) il a placé au-dessus du reste l'indépendance d'esprit, la compétence et le courage, fût-ce électoralement sacrificiel, fût-ce exprimé avec un brin de provocation", écrivait alors le commentateur Alain Duhamel dans une chronique sur cet ouvrage publié dans l'hebdomadaire Le Point.

Les hommages ont afflué hier samedi pour saluer la mémoire de l'ancien Premier ministre. De Nicolas Sarkozy à Valéry Giscard d'Estaing en passant par Jacques Delors, de nombreux dirigeants ont salué l'homme politique atypique mais aussi le brillant gestionnaire surnommé "le meilleur économiste de France".

Dans des communiqués, le président Nicolas Sarkozy salue en lui "un esprit libre et indépendant" et le Premier ministre François Fillon "un des hommes politiques français les plus respectés et les plus populaires" doublé d'un dirigeant "courageux".

C'est également l'avis de l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, qui voit en lui un pionnier de l'euro. "Il a été sans doute un des premiers (...) à plaider pour une coordination des politiques économiques et monétairee entre les pays européens", a-t-il souligné sur France Info.

"Quand nous avons quitté le pouvoir ensemble en 1981, la France était, malgré les deux chocs pétroliers, dans une situation qu'elle n'a jamais retrouvé depuis : une dette réduite, un déficit budgétaire de 1,1 %, un nombre de chômeurs inférieur à celui d'aujourd'hui", fait de son côté remarquer Valéry Giscard d'Estaing dans un communiqué.

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