Tensions sociales chez Airbus avant l'annonce du plan de restructuration

Louis Gallois dévoile aujourd'hui le contenu du plan "Power 8" de restructuration d'Airbus. Près de 10.000 emplois seraient supprimés dont 4.200 à 4.500 en France et 3.500 à 3.700 en Allemagne. Opposés à toute cession de site et à des licenciements secs, les syndicats inquiets pour leur avenir n'excluent pas une riposte à l'échelle européenne.

Louis Gallois, président d'Airbus et co-président d'EADS -maison mère d'Airbus - dévoile ce mercredi les détails du plan de restructuration de l'avionneur européen qui prévoit des milliers de suppressions d'emplois et des cessions de sites en France et en Allemagne, suscitant l'inquiétude des salariés et des menaces des syndicats.

Approuvé lundi par les actionnaires d'EADS, la maison mère d'Airbus, ce plan baptisé "Power8" vise à économiser 5 milliards d'euros d'ici à 2010 puis 2 milliards par an afin de compenser les surcoûts liés aux retards de l'avion géant A380, ainsi que la faiblesse du dollar face à l'euro. Comme l'a déjà indiqué le Premier ministre français, Dominique de Villepin, le plan comprendrait 10.000 suppressions d'emploi sur les 16 sites européens d'Airbus, chez ses sous-traitants et intérimaires. L'avionneur emploie 56.000 personnes, dont 22.000 en France, 21.000 en Allemagne, 10.000 en Grande-Bretagne et 3.000 en Espagne.

L'essentiel des coupes concernera des postes administratifs et devrait se faire sans licenciement sec. Selon certaines sources, la France perdrait de 4.200 à 4.500 emplois, l'Allemagne 3.500 à 3.700. D'après la Dépêche du Midi, le siège toulousain d'Airbus pourrait subir 900 suppressions de postes.

Airbus pourrait, selon d'insistantes rumeurs, céder ses usines de Saint-Nazaire et Méaulte en France et de Nordenham et Varel en Allemagne, qui devraient continuer de bénéficier de contrats de sous-traitance avec Airbus.
Le constructeur aéronautique européen pourrait également céder le site de Filton en Grande-Bretagne et fermer le site de Puerto Real en Espagne.

Mardi, les organisations syndicales européennes d'Airbus ont décidé de faire front commun en cas de cession d'usines ou de licenciements secs, avec à la clé une "journée d'action" qui pourrait prendre la forme d'une grève, a annoncé Peter Scherrer, secrétaire général de la Fédération européen des métallurgistes (FEM). En France, syndicats et salariés n'ont pas attendu l'annonce du plan pour monter au créneau. Force Ouvrière, syndicat majoritaire d'Airbus, a prévenu qu'une fermeture ou une externalisation des sites de Saint-Nazaire ou de Meaulte seraient comme "une déclaration de guerre". Mais les syndicats ont été pris de court par les salariés. Ceux du site de Méaulte (Somme) ont cessé "spontanément" le travail mardi à la mi-journée, en réaction à la menace d'externalisation.


Présidente, Ségolène Royal demanderait la suspension du plan chez Airbus
La député des Deux-Sèvres a affirmé mercredi sur i-Télé que si elle était élue à la présidence de la République, elle demanderait la suspension du plan de restructuration d'Airbus. Interrogée sur ses éventuelles futures décisions dans ce dossier, la candidate socialiste a déclaré: "Je remets à plat l'ensemble de la gestion de l'entreprise, je demande une suspension, un moratoire (sur le plan), je travaille pour qu'il y ait une convergence et un accord avec Angela Merkel". Elle a assuré qu'elle discuterait de cette question avec la chancelière allemande lors de sa visite à Berlin le 6 mars. "Je pense qu'il faut que l'Etat remette au pot, mais sur la base d'une projet industriel franco-allemand solide", a-t-elle encore déclaré.

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