Très cher nounours

C'est le troisième objet le plus collectionné dans le monde: l'ours en peluche a ses amateurs, et pas seulement à Noël. Certains modèles atteignent des prix fous, fous, fous-

Après les timbres et les médailles et monnaies, l'ours en peluche est le troisième objet de collection le plus apprécié dans le monde. Les amateurs (ou arctophiles) les plus acharnés sont les Allemands, les Britanniques, les Américains et surtout les Japonais, ces derniers étant prêts à dépenser des fortunes pour les modèles les plus anciens.

L'ours en peluche est un vaillant centenaire. Deux pays s'en disputent la paternité, sa date de naissance étant unanimement fixée en 1902. Les Etats Unis d'abord: cette année là, le président Théodore Roosevelt, jusque là grand chasseur, refuse de tirer un ours des Rocheuses, jugé trop mignon. Un dessinateur illustre la scène et "Teddy Bear" devient l'emblème de l'hôte de la Maison Blanche.

L'Allemagne ensuite: la même année, la créatrice de jouets Margarette Steiff réalise, une première peluche à tête inclinée en forme d'ours, qui connaît auprès des enfants un succès immédiat.

Les premières peluches avaient les yeux en boutons de bottines, qui après 1918 ont été remplacés par des yeux de verre. De même la laine de bois de rembourrage a été progressivement remplacée par du kapok, puis du coton, puis des matières désormais non inflammables. Mais c'est la nature de la truffe qui permet aux initiés de dater l'ours: le nez était d'abord brodé, puis mercerisé, puis cousu, puis en tissu, en bakélite, en caoutchouc, en plastique, de forme triangulaire, en losange, rond, etc... SAVOIR. Quelques grandes marques dominent le marché: les allemandes Steiff et Bing les britanniques Deans, Farnell, Chad Valley et Merrythought, la française Pintel, l'américaine Ideal Novelty, etc... Chacune a ses caractéristiques et fait l'objet de catalogues détaillés que l'on peut trouver dans quelques rares librairies (et sur le site de l'association "les amis de gueule de miel", organisatrice d'un salon annuel dédié).

Plus que l'ancienneté, certes importante, c'est la rareté et le bon état d'une peluche qui fait son prix, auxquels s'ajoute une dose non négligeable de nostalgie. Un collectionneur fortuné n'hésite pas à surenchérir s'il s'agit, par exemple, du nounours de son enfance, ou de celui d'une personnalité. Sotheby's beaucoup et Christie's un peu organisent plusieurs fois par an, notamment à Londres, des enchères de haut niveau. En France, où le marché est en retard, on trouve quelques rares vacations à Drouot et plus fréquemment à la Galerie de Chartres.

Un ours, surtout ancien, est très fragile: il faut souvent l'épousseter, l'entretenir avec un produit nettoyant, le protéger avec un antimite, et certains vont même jusqu'à le déposer quelques jours dans un congélateur pour tuer les éventuels microbes et acariens. Plutôt que de les exposer dans une vitrine, les vrais amateurs les mettent en scène dans un lieu dédié.

ACHETER. 141.000 euros en 1994, 180.000 en 1999, 215.000 en 2002, les records du nounours le plus cher du monde ne cessent de tomber. Sans atteindre de tels sommets, les adjudications peuvent être élevées. Il faut compter autour de 750 euros pour une peluche courante des années 1960, le double pour une pièce originale. Pour un ours d'entre les deux guerres en bon état, les prix avoisinent les 3.000 euros, dix fois pour les plus exceptionnels. Certains modèles Steiff, les plus recherchés comme le "Bar 55 PB" peuvent atteindre les 75.000 euros.

Enfin, certains artistes contemporains (Hélène Bastien, Aline Cousin, Eric Giovanoini ou Catherine Royer) réalisent des oeuvres uniques: rien sous les 3.500 euros.

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