La Libye voudrait se doter d'une centrale EPR

Selon Le Parisien, le régime de Muammar Kadhafi serait intéressé par l'EPR, dernier-cri en matière de technologie nucléaire. Areva ne confirme pas. Nicolas Sarkozy dément. Après la polémique sur la signature de contrats d'armes qui auraient pu servir de monnaie d'échange dans l'affaire des infirmières bulgares, la polémique rebondit.

La libération des infirmières bulgares n'a pas fini de livrer ses secrets. Alors que toute la lumière n'a pas été faite sur les conditions de vente de missiles et d'un système de communication pour un total de 296 millions d'euros, les ambitions nucléaires de la Libye se précisent. Selon un porte-parole du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), le groupe français Areva a été sollicité par les autorités libyennes dès le mois de juin pour présenter le tout-dernier modèle de centrale nucléaire EPR, dit de "troisième génération". Plus puissant que les anciens modèles (1650 MW), l'EPR est également moins gourmand en uranium et est supposé rejeter moins de déchets. C'est le fait que la Libye s'intéresse justement à ce qui se fait de mieux en matière d'atome qui inquiète de nombreux observateurs.

Le coût unitaire d'une telle centrale est de trois milliards d'euros. Une autre dimension par rapport aux contrats d'armement précédemment signés. Comme le relève Le Parisien, la chronologie des évènements est "troublante". Si Areva a été approché en juin, ce n'est qu'après la visite de Nicolas Sarkozy que les discussions se sont accélérées. La direction d'Areva a refusé de confirmer les informations en l'état, précisant que les négociations en étaient encore au stade "diplomatique", et non "industriel ou commercial". Mais la tentation pourrait être grande pour le leader mondial du nucléaire, dans la mesure où les autres projets d'EPR sont peu nombreux à l'heure actuelle. En Finlande par exemple, la construction accumule les retards, ce qui a forcé le groupe à dégager des provisions de 500 à 700 millions d'euros pour faire face aux coûts supplémentaires induits.

L'aboutissement d'une telle opération renforcerait la position de la France sur le marché libyen naissant. La France n'est pour l'instant que le sixième fournisseur du pays, derrière notamment l'Italie et la Grande-Bretagne, qui bénéficient de liens historiques avec la Libye. Alstom, Alcatel ou encore Vinci aimeraient s'implanter, suivant dans cette voie Total qui exploite le champ de Marbrouk. Autre exemple, BNP Paribas, qui détient 19% de la Sahara Bank, seule banque libyenne privatisée.

La polémique devrait maintenant rebondir sur la scène politique. Les ambitions nucléaires de la Libye ont de quoi inquiéter, au vu de l'histoire récente du pays. Certains facteurs plaident cependant en faveur d'une telle construction. En effet, la Libye est un des seuls pays au monde à ne pas être traversé par un fleuve, rendant son approvisionnement en eau fragile. D'où le souhait de se doter d'une centrale nucléaire chargée de désaliniser l'eau de mer, un objectif qui apparaît plausible. De plus, une telle centrale ne permettrait d'obtenir un uranium enrichi qu'à 4%, alors qu'un uranium enrichi à 90% est nécessaire à la fabrication d'une bombe. Les différentes parties prenantes du projet se montrent cependant inquiètes. Le gouvernement allemand, notamment, a les moyens de se faire entendre. Siemens contrôle en effet 34% d'Areva NP, la filiale du groupe en charge de la construction de l'EPR.

Le président français Nicolas Sarkozy, interrogé ce lundi sur son lieu de vacances à Wolfeboro (New Hampshire, nord-est des Etats-Unis) a formellement démenti toute discussion avec la Libye sur l'EPR : "c'est faux, c'est faux".

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